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La Lettre n° 38 | Dans les centres et les services | Disparitions

Bernard Jaulin

Extrait de la déclaration de François Weil à l’assemblée des enseignants le 27 novembre

Bernard Jaulin est mort le 21 août 2010. Né en 1934, ingénieur des Arts et Métiers, il s’était très tôt intéressé aux questions de formalisation des sciences sociales. Après avoir travaillé au sein de la Compagnie générale de télégraphie sans fil à la mise au point de prototypes de radar, il avait rejoint brièvement le CNRS, puis la Maison des sciences de l’homme où il fonda et dirigea le Centre de mathématique et de calcul, enfin la Sixième section de l’École pratique des hautes études, où il fut élu sous-directeur d’études en 1964 et directeur d’études en 1972. Avec Georges Guilbaud, Marc Barbut, Pierre Rosenstiehl, Jean-Claude Gardin ou Bruno Leclerc, Jaulin participa à l’aventure du Centre Condorcet – déjà ! – cet ancien hôtel particulier du 9e arrondissement où se tissaient alors des liens entre mathématiciens, logiciens et bientôt psychologues et historiens des sciences, puis, après l’arrivée au 54 boulevard Raspail, à la suite de l’entreprise. Il y contribua utilement, par sa double compétence dans l’ordre des mathématiques et dans l’ordre de formulation des questions de sciences sociales – une rare conjonction qu’il mettait à profit dans les séminaires de sa direction d’études, sobrement intitulée « Logique », dans les travaux qu’il publia alors, comme sa Théorie des automates ou, avec Jean-Claude Gardin, Archéologie et calculateurs. Il fut, assurément, un acteur résolu de la pluridisciplinarité en œuvre qui cherchait à s’élaborer alors à l’École ou mieux par l’École – Pierre Rosenstiehl a en effet souligné le contraste entre la faiblesse relative des liens qui se nouèrent au sein de la maison et l’intensité de ceux que suscitèrent les membres de l’École à côté ou en dehors d’elle. S’agissant de Bernard Jaulin, il poursuivit jusqu’à sa retraite et au-delà ses échanges avec de nombreux collègues, tels Oswald Ducrot et Pierre Rosenstiehl. Jusque dans les derniers temps de sa vie on pouvait le croiser dans les couloirs du boulevard Raspail, soucieux de continuer à explorer les aspects de la logique qui touchaient à la linguistique ou au traitement de l’information, et de maintenir la fonction centrale à ses yeux de l’École un lieu central dans la mise en œuvre des méthodes et des techniques de formalisation des sciences sociales. Il joua un grand rôle dans cette aventure, et nous lui en sommes reconnaissants.