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La Lettre n° 38 | Dans les centres et les services | Disparitions

Jacques Dupâquier

Extrait de la déclaration de François Weil à l’assemblée des enseignants le 27 novembre

Jacques Dupâquier est mort le 23 juillet dernier à l’âge de 88 ans, à Pontoise, capitale de ce Vexin français auquel il tenait tant et auquel il avait consacré d’importants travaux. Entré en 1942 à l’ENS de Saint-Cloud, Dupâquier s’engagea activement au sein du mouvement Francs-tireurs et partisans français et du Front national-étudiant, où il avait été responsable du secteur des grandes écoles. Après la Libération, bientôt professeur certifié puis agrégé d’histoire et de géographie, il avait enseigné en région parisienne pendant plus de quinze ans avant de rejoindre le CNRS au début des années 1960, la Sorbonne en 1965 et enfin la Sixième section de l’École pratique en 1968 en qualité de maître-assistant puis, deux ans plus tard, de directeur d’études. Jusqu’à sa retraite en 1991, Jacques Dupâquier joua un rôle éminent dans l’essor et la transformation de la démographie historique dans notre maison. Pour sa thèse d’État, soutenue en 1977 à l’université de Paris I et consacrée à « La population rurale du Bassin parisien à l’époque de Louis XIV », il s’était donné des compétences en mathématiques, en statistique et en informatique afin de pouvoir s’attaquer à l’analyse des dénombrements de flux ou des rôles de tailles. Ses étudiants et ses collègues de l’École, et notamment du Laboratoire de démographie historique qu’il fonda en 1972 et dirigea jusqu’au début des années 1980, bénéficièrent de son érudition et du dynamisme qu’il manifestait au sein d’un champ, la démographie historique, en plein essor. Qu’il s’agisse de l’histoire des populations, de l’histoire sociale rurale du Vexin du 17e au 19e siècle ou encore de l’histoire de la démographie, ses nombreux travaux contribuèrent largement à cette évolution, de même que son rôle à la tête des Annales de démographie historique. De l’homme je parlerai peu, sinon pour souligner que notre collègue était un homme de passions et d’engagements, simultanés ou successifs, scientifiques, associatifs, politiques et personnels, qui le conduisirent de la Résistance et du communisme à un natalisme militant ancré dans sa foi. À l’École, il fut au tout premier rang de ceux qui firent de notre institution un haut lieu de la démographie historique, et nous lui en devons une reconnaissance véritable.