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La Lettre n° 55 | Échos de la recherche
Sandrine Robert, élue maîtresse de conférences par l’assemblée des enseignants en juin 2012
Crédits : M. Robert

Fabrique, transmission et résilience des formes du paysage : archéogéographie

par Sandrine Robert, élue maîtresse de conférences par l’assemblée des enseignants en juin 2012

Archéologue de formation, je travaille sur la compréhension des dynamiques socio-spatiales. À partir des années 1990, des programmes de recherches croisés entre archéologues et géographes ont permis de renouveler la compréhension de la dynamique des organisations spatiales (Dossier « Le temps dans la dynamique des organisations spatiales », S. Robert dir., Revue Espace Géographique, à paraître en 2013) et de ne plus percevoir l’espace comme une simple succession d’états datés. À travers mes travaux sur les trames parcellaires, les réseaux routiers et la ville, j’ai pu montrer que trames et réseaux se transmettent non par inertie mais grâce à leur capacité à se transformer, rejoignant le concept de résilience utilisé dans d’autres disciplines. Dans ma thèse sur « L'analyse morphologique des paysages entre archéologie, urbanisme et aménagement du territoire », j’ai mené une réflexion sur les moyens de mieux intégrer cette connaissance géo-historique en aménagement du territoire.

Je ré-interroge la relation forme/société en montrant comment des stratégies d’acteurs, qui n’ont pas pour but de créer des formes spatiales spécifiques, entrent en résonnance avec des organisations matérielles transmises. Je m’attache notamment à préciser ce qui ressort de la stratégie des élites ou non. Je croise l’analyse des données planimétriques (cartes anciennes, photographies aériennes, plans archéologiques) et historiques, spatialisées dans des systèmes d’information géographiques (SIG). Je travaille sur la construction de ces nouveaux référentiels géo-historiques comme supports pour les études interdisciplinaires.

En développant une observation multiscalaire, je souhaite montrer que la ville et les réseaux routiers intégrent à la fois des formes organisées qui sont le résultat d’héritages ou de développements spontanés et des formes que les élites produisent volontairement pour contrôler les centres, les communications etc. La forme des villes et des réseaux est à la fois un « impensé » et le résultat d’opérations volontaires mais portant sur des espaces limités ( « La ville de Pontoise au Moyen Âge : entre impensé et stratégie des élites ». Archéologie médiévale, Tome 41 année 2011, CNRS Editions, p. 77-121) . La dynamique des réseaux spatiaux est ainsi produite par une interaction entre un potentiel de formes et la société qui les réinvestit tout en les transformant.

Cette question ouvre sur la notion de territoire comme lieu approprié. J’interrogerai notamment la notion de construction territoriale à travers la pratique des lieux par le biais des réseaux de circulation. Au Moyen-Âge, ces derniers déploient au sein des territoires des usages particuliers avec parfois leurs propres espaces fiscaux et judiciaires. Ils peuvent entrer en concurrence avec les territoires existants et créer de nouveaux espaces d’appropriation.

Mes domaines d’étude concernent le Bassin parisien et des villes du bassin méditerranéen (Grèce, Espagne) et je dirige la commission « Theory and method in Landscape archaeology – Archaeogeography » dans the International Union of the Prehistoric and Protohistoric Sciences, UNESCO.