À la rentrée 2012, l’EHESS inaugure une nouvelle formule d’invitation pour nos collègues étrangers qui consiste à assurer leur présence parmi nous au fil de trois années successives, favorisant ainsi l’approfondissement de partenariats durables fondés sur une thématique suivie par plusieurs interlocuteurs. De cette formule de coopération inédite, on peut attendre bien sûr la consolidation de dialogues jusqu’ici entretenus plus ponctuellement mais encore une assise internationale pour le renouvellement des travaux en cours qu’il s’agisse de thématiques ailleurs en expansion ou bien de traditions intellectuelles trop peu présentes à l’École.

Avec Yves Gingras, professeur à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), c’est le rebond actuel de la sociologie des sciences qui rencontrera un écho dans les séminaires tenus au cours des prochaines années. Historien des sciences mathématiques et physiques, sociologue particulièrement actif dans les débats touchant à l’étude des sciences ou à la mesure et l’évaluation des activités scientifiques, Yves Gingras est directeur scientifique de l’Observatoire des sciences et des technologies (OST), dont il a été l’un des fondateurs et qui est l’un des instruments d’analyse quantitative spécialisée les plus pertinents aujourd’hui tant pour les travaux de langue anglaise que ceux de langue française. Longtemps directeur du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), il est depuis 2004 le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences. Ses travaux lui ont valu plusieurs prix, notament le « Ivan Slade Prize 2001 » de la British Society for the History of Science et le prix « Jacques-Rousseau 2007 » d’interdisciplinarité de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS).

Yves Gingras est tout aussi bien un protagoniste vif de la scène de l’histoire des sciences et des sciences studies en langue anglaise qu’un interlocuteur familier des sociologues et des épistémologues français. Son invitation a été proposée par Gisèle Sapiro en relation avec le projet de recherche européen qu’elle anime sur les transformations des sciences sociales en Europe depuis 1945. Il participera à plusieurs séminaires de l’École, notamment ceux d’Éric Brian et de Wiktor Stoczkowski et il proposera une série de quatre séances sur l’actualité de la sociologie des sciences fondés sur un tout prochain livre qui déjà s’annonce comme un bilan exceptionnel de l’itinéraire des travaux conduits dans ce domaine au cours des dernières décennies.

On se préparera à entendre et à rencontrer l’une des pensées les plus vives et les mieux informées à propos des recherches actuelles de sociologie et d’histoire des sciences en lisant parmi de nombreux ouvrages son Éloge de l’homo techno-logicus (Fides 2005), ses Propos sur les sciences (Raison d’Agir, 2010) ou encore son article « Naming without Necessity On the genealogy and uses of the label “historical epistemology ” » (Revue de synthèse, 2010), de même gagnera-t-on à écouter en ligne ses chroniques initialement diffusées sur Radio Canada.