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La Lettre n° 86 | Échos de la recherche
Le centre de recherche « Mondes Américains » accueille Sébastien Rozeaux

L'UMR Mondes Américains accueille Sébastien Rozeaux

Sébastien Rozeaux a soutenu un doctorat en histoire contemporaine à l’Université Lille III : La genèse d’un « grand monument national » : littérature et milieu littéraire au Brésil à l’époque impériale (1822 – c.1880), sous la direction de Jean-François Chanet (Lille III – IEP Paris) et en co-direction avec Olivier Compagnon (Paris III). Il était, l’an dernier, membre post-doctorant de la Casa de Velázquez, pour un projet de recherche intitulé L’espace littéraire luso-brésilien, une utopie ? Connexions et réceptions croisées des littératures nationales au Portugal et au Brésil au XIXe siècle (c. 1830-1889). Pendant la même période il a été chercheur associé à l’Institut des sciences sociales (ICS) de Lisbonne. Recruté comme post-doctorant à l’Ecole et affecté au Centre de recherches sur le Brésil colonial et contemporain, Sébastien Rozeaux vient y développer un programme renouvelé sous le titre Échanges et circulations littéraires entre le Portugal et le Brésil (c.1851-c.1890) : la «confraternité luso-brésilienne » en question.

Son projet traite des circulations littéraires entre le Portugal et le Brésil de leurs répercussions intellectuelles et politiques, au XIXe siècle. Il cherche à repérer les discours sur la relation privilégiée entre les deux pays autour de l’exaltation de la «confraternité luso-brésilienne ». L’écho de ces discours au Portugal est tributaire de l’intensité des relations culturelles transatlantiques depuis 1822, grâce à la médiation de la communauté portugaise de Rio qui grandit à partir de 1840. Au Portugal, la Régénération (1851) est contemporaine de l’intérêt des lettrés portugais pour le Brésil. L’aspiration à la confraternité ne trouve alors guère de prise au Brésil, hors des cercles des lettrés de la communauté portugaise de Rio. Mais elle garde un certain écho dans l’espace public portugais, à la faveur des discours qui affirment la nécessité de développer ce lien un temps mis à mal par la rupture du lien colonial. Sébastien Rozeaux entend prolonger le cadre chronologique de l’étude de l’histoire de la « confraternité luso-brésilienne » jusqu’aux années 1880, alors que le Portugal renouvelle ses aspirations impérialistes et que la République du Brésil, instituée depuis 1889, se tourne vers l’Amérique.

Ce programme repose sur l’hypothèse que la réception des lettres brésiliennes au Portugal est indissociable des stratégies d’internationalisation de la littérature portugaise au XIXe siècle. En ouvrant ses portes aux Letras Pátrias, le Portugal revendique un droit d’entrée au Brésil, au nom de cette confraternité, afin d’y conquérir une position susceptible de bénéficier aux intérêts nationaux, tant sur le plan symbolique (l’honneur retrouvé d’une nation à la destinée impériale mise à mal) qu’économique (le marché transatlantique du livre et de l’édition). Cette approche des stratégies de l’importation et de l’exportation littéraires dépasse l’horizon parfois trompeur de nombreux travaux qui se centrent sur la réception et l’appropriation de biens culturels en provenance de pays tiers, sans faire grand cas des actions culturelles, économiques ou diplomatiques que ces pays ont initié vers l’extérieur.

Le projet de recherche de Sébastien Rozeaux s’intègre dans l’axe « Américanisation et américanité : dynamiques spatio-temporelles et enjeux multiculturels » de l’UMR Mondes Américains.

Ses publications

  • « Les horizons troubles de la politique de « colonisation » au Brésil au XIXe siècle : réflexions sur la construction de la nation brésilienne à travers le prisme de la question migratoire (1850-1889) », in « Populations et territoires du Brésil », Espace, populations, sociétés, 2-3/2014.
  • « La naissance contrariée d’une société du spectacle au Brésil, 1855 - c.1880 », Monde(s). Histoire, espaces, relations, 2/2014, n° 6, p. 223-242.
  • - « Un patriotisme à géométrie variable ? La renaissance des « petites Patries » au Brésil à travers le prisme des Letras Pátrias (1850-1880) », Brésil(s). Sciences humaines et sociales, 2/2014, n°6, p. 181-201.
  • « Splendeurs et misères du « siècle de dom Pedro II » : le mécénat impérial et les Letras Pátrias au Brésil (1840-1889) », Romantisme, revue du XIXe siècle. Littérature – arts – sciences – histoire, 2/2014, n° 164, p. 107-119.
  • « José de Alencar, um aristocrata romântico sem « brasões » », Anais do Museu Histórico Nacional de Rio de Janeiro, vol. 41, 2009, p. 115-140.