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La Lettre n° 73 | Échos de la recherche
Le Programme Handicaps et Sociétés
Isabelle Ville, Andrea Benvenuto
et Marie Coutant.
Crédits : Laurent Dappe
par Yohann Aucante, Andrea Benvenuto, Marie Coutant et Isabelle Ville

Le Programme Handicaps et Sociétés

Le PHS est un espace ouvert de rencontre entre disciplines, objets et chercheurs des sciences humaines et sociales, autour des questions de handicaps, pérenne dans la durée mais fluide dans les composantes qui le constituent. Sa mission générale est d’offrir aux collègues et étudiants de l’EHESS et ses partenaires, amenés à croiser ces objets à un moment de leur parcours de recherche, des outils théoriques et épistémologiques ainsi qu’une réflexion critique qui lui est propre. Trois missions structurent l’activité du PHS : la formation, la recherche et la mission d’accompagnement des étudiants handicapés.

Créé en 2006, le programme privilégie d’abord l’offre d’enseignement avec un premier séminaire « Surdité et langues des signes », rapidement suivi des trois autres: « sociohistoire du handicap », « mobilisations et identités dans le champ du handicap et de la santé », « approche sociodémographique du handicap ». Ce dernier sera remplacé en 2014-2015 par un nouveau séminaire « quand le handicap interroge la naissance. Entre eugénisme et prévention ». En outre, entre 2009 et 2013, un séminaire de « formation à la recherche sur le handicap » a réuni des doctorants et post-doctorants d’appartenances disciplinaires variées, venant de toute la France et même d’Europe, servant d’ancrage au réseau des jeunes chercheurs « Handicap(s) et sociétés » qui compte actuellement 120 membres. Très actif, ce réseau organise des ateliers et des journées d’étude et partage des informations via une liste de discussion et la page du site du PHS qui lui est dédiée. Pour la deuxième année consécutive, il a obtenu un soutien financier du Campus Condorcet.

Depuis 2012, le PHS développe ses propres programmes de recherche selon trois orientations.

La première interroge les notions d’inclusion, d’autonomie et d’accessibilité devenues de véritables guides pour l’action publique, dans les domaines des « droits fondamentaux » et de la lutte contre les discriminations » promues par les politiques supranationales et nationales. Le programme de recherche vise à analyser les conditions sociohistoriques d’émergence de ces notions et les dispositifs qu’elles impliquent en termes d’expériences individuelles et collectives. Ce cadre général s’appliquera à trois domaines ciblés : l’ « école inclusive », les nouvelles technologies de la réadaptation et les mobilités urbaines. Financé dans le cadre de l’appel à projets « Synergie », ce programme associe dix équipes appartenant à quatre institutions membres d’heSam Université : l’EHESS (PHS, CERMES3, CMH), l’INED, L’ENSAM, Paris 1 (CRIDUP, UFR10), ESCP Europe et deux institutions extérieures ; l’hôpital Cochin-Université Paris-Descartes et une école d’ingénieur, l’ESIEA.

Un second domaine d’étude approche la surdité et la langue des signes au regard de questionnements sur la notion d'altérité et ses usages dans les discours relatifs au handicap et aux minorités. Par leurs mobilisations collectives, depuis le 19e siècle, les sourds ont exprimé des formes singulières de résistance aux discriminations. Il s’agit d’un premier terrain d’investigation. Un autre porte sur les usages de l'écriture, les pratiques de traduction et les créations artistiques qui font tomber le privilège de la parole articulée et instituent d’autres figures de la subjectivité. Une autre enquête, enfin, est consacrée à l’observation comparative des unités d’accès aux soins des sourds en langue des signes en France (quinze à ce jour) et en Uruguay (unique en Amérique latine). Ces dispositifs institutionnels ont marqué un tournant dans l’approche anthropologique de la santé des sourds. Il faut signaler enfin qu’une dizaine de recherches (niveau doctorat et master) sur les sourds et/ou la langue des signes sont en cours actuellement à l'EHESS ou débuteront à la rentrée prochaine. Ce programme intégrera prochainement la recherche post-doctorale de Ruth Kitchen de l'Université de Cardiff, financée par une bourse Marie Curie (2014-2016) (Intra-European Fellowship – IEF) intitulée SURDITE Cinéma (acronyme pour Social Understandings and Representations of Deafness in Theory and Education through Cinema), sous la direction d’Andrea Benvenuto et d’Isabelle Ville.

La troisième ligne étudie les nouvelles modalités du traitement social du handicap apparues dans le champ de la périnatalité, notamment avec les techniques de diagnostic prénatal. À l’articulation des sciences et des techniques, des politiques de santé publique et des pratiques cliniques, ce programme interroge les jugements cognitifs et moraux en œuvre dans la constitution des normes et valeurs, dans un contexte marqué par le développement d’une démocratie sanitaire et d’une judiciarisation de la société. Un premier projet soutenu par l’ANR (2009-2013) associait le PHS, le CERMES3 et l’IRIS. Il s’est centré sur l’histoire des techniques du diagnostic prénatal, les conditions de leur implantation en France et l’analyse comparative des pratiques contemporaines dans des pays aux modes de régulation différents (Angleterre, Brésil, France et Pays-Bas). Un séminaire de témoins, pionniers du diagnostic prénatal, s’est tenu à l’EHESS en octobre 2012. Consultez la retranscription intégrale des échanges.

Dans le prolongement de cette première recherche, un second projet vient d’être soutenu par la Région Île de France (Programme PICRI). Il associe le PHS, le CERMES3 et le CIANE (Comité Interassociatif Autour de la NaissancE). C’est l’expérience des femmes et des couples qui sera cette fois l’objet principal d’investigation, et la manière dont l’évolution de l’offre technologique, l’encadrement par les politiques, les agences et les professionnels, organisent les parcours de la procréation et la sélection des naissances.

Troisième mission du PHS : l’accueil et l’accompagnement des étudiants handicapés. Définie réglementairement, elle s’impose à tous les établissements d’enseignement supérieur depuis 2005. Contrairement à certains préjugés, l’intégration de cette mission au Programme s’avère constituer un atout pour la recherche du fait des liens qu’elle permet d’instaurer avec le monde économique et social. En effet, un bon nombre de ces missions d’accueil ont été confiées à des enseignants-chercheurs, lesquels se sont regroupés en association nationale afin de réfléchir aux enjeux de leurs pratiques et aux effets du dispositif sur les parcours des étudiants et les transitions vers le monde professionnels. Marie Coutant, responsable de la mission pour l’EHESS, préside cette association et des collaborations sont d’ores et déjà engagées avec les chercheurs du PHS, en particulier relatives à la relation entre mobilisations du droit et inclusion. D’autre part, dans le contexte d’une convention régionale pour l’insertion professionnelle des étudiants handicapés, actuellement en préparation, des partenariats sont établis avec une vingtaine de grandes entreprises qui serviront d’appui à d’autres collaborations, notamment dans le cadre de projets européens qui font de ces partenariats une condition. Le PHS est ainsi impliqué dans un projet d’Innovative Training Network (nouvelle formule des doctorats joints Erasmus Mundus)

Le PHS a en outre noué un certain nombre de collaborations avec notamment ALTER, European Society for Disability Research, laquelle société organise une conférence annuelle et édite la revue ALTER, European Journal of Disability Research, et l’Institut Fédératif de Recherche sur le Handicap, qui a, de longue date, initié des recherches pluridisciplinaires dans le champ entre sciences sociales, médecine et technologies.

Le PHS participe à l’organisation prochaine de deux manifestations scientifiques :

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