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La Lettre n° 31 | Dans les centres et les services | Disparitions
par Georges Navet
Président de la Société P. -J. Proudhon

Rosemarie Ferenczi

Extrait du Bulletin de la Société P.-J. Proudhon

C’est avec une grande émotion que nous avons appris le décès de Rosemarie Ferenczi le 15 mars 2010. Rosemarie fut co-fondatrice de la Société P.-J. Proudhon avec Jean Bancal et Bernard Voyenne. Elle fut aussi la créatrice et l’animatrice de l’Atelier Proudhon à l’École des hautes études en sciences sociales.
Il faudra bien raconter quelque jour – avant qu’il ne soit trop tard –, ce que furent ces séances hebdomadaires rue de la Tour, puis rue Jean Calvin, enfin boulevard Raspail. Elles réunissaient des gens d’origines sociales, nationales et intellectuelles diverses, qui ne se seraient probablement jamais rencontrés s’il n’y avait pas eu d’Atelier. Il y régnait une grande ouverture d’esprit – un esprit authentiquement proudhonien, non exempt de disputes, mais de disputes sans aigreur  – ; des hypothèses folles y étaient avancées et discutées, ou du moins qui paraîtraient folles à notre sinistre époque. Qui n’a encore dans l’oreille la voix de Rosemarie, toujours prompte à relancer le débat par une interrogation ou par un doute ? Car la « patronne » de ce lieu errant, peu académique et qui, la séance terminée, émigrait pour se reconstituer au café le plus proche, ne dogmatisait jamais.
Longtemps, à vrai dire, l’essentiel de la vie de la Société P.-J. Proudhon fut dans l’Atelier. Après la retraite de Rosemarie, la tentative de le continuer se heurta à trop d’obstacles pour être longtemps soutenue. Ce fut alors la Société qui, notamment sous la présidence de Pierre Ansart, hérita de la vie et de l’esprit de l’Atelier, pour transformer ce qui était un séminaire de l’EHESS en colloques qui, d’exceptionnels ou d’occasionnels qu’ils étaient jusque là, devinrent réguliers et annuels.
L’usure de ses forces permettait de moins en moins à Rosemarie de participer à nos activités ; mais même absente, elle était parmi nous, car nous savions qu’elle pensait à nous avec bienveillance et, surtout, avec sa grande capacité d’amitié. Nous, en retour, ne pouvons pas ne pas penser au plaisir qu’elle aurait eu à tenir dans ses mains le Dictionnaire Proudhon qui va bientôt paraître. Elle n’aura pu participer à son élaboration et à son écriture, mais nous savons que sans elle, sans ce qu’elle a fondé, animé et légué, il n’aurait jamais pu exister.