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La Lettre n° 61 | Échos de la recherche
Rencontre avec Richard Rechtman, directeur du LabEx TEPSIS

Rencontre avec Richard Rechtman, directeur du LabEx TEPSIS

Comment le projet TEPSIS a-t-il été construit ?

Lorsque l’État a lancé le premier appel d’offres Laboratoire d’Excellence dans le cadre du programme « Investissements d’Avenir », ce sont Didier Fassin, alors directeur de l’Iris, et Gisèle Sapiro, directrice du CESSP, qui ont imaginé proposer, à travers le rapprochement thématique de leurs deux UMR, un vaste programme de recherches et d’enseignements centré sur la question du politique. Très vite, d’autres laboratoires se sont associés au projet avec le même souci : aborder le politique au sens le plus large. C’est-à-dire aussi bien à travers l’État et ses organisations, qu’à travers toutes les autres formes politiques émergentes, celles qui justement n’accèdent pas nécessairement à la reconnaissance en tant que telle. Pour cela, il fallait non seulement convoquer les différentes disciplines – l’histoire, la sociologie, la science politique, l’anthropologie, etc. – qui traitent du politique, mais aussi, et peut-être surtout, réunir un nombre significatif de chercheurs partageant un même souci, mais pas nécessairement de mêmes outils. TEPSIS a donc été construit par ces différents chercheurs, non au prix d’un consensus mou autour d’un minimum commun, mais à l’inverse dans un projet audacieux où les différences, voire les controverses, vont produire le savoir de demain. Je voudrais souligner le rôle déterminant que la Direction du développement de la recherche de l’EHESS a joué pendant toute cette phase de construction du projet, et encore aujourd’hui.

Quels sont ses points forts ?

Le premier point fort est déjà d’être doté d’un large budget : 7 000 000 € sur huit ans, c’est plutôt confortable pour réaliser des choses nouvelles. Plus fondamentalement, c’est l’étroite articulation entre recherche, enseignement et valorisation. Ce trépied va contribuer à rapprocher les sciences sociales des acteurs de la société civile : les décideurs, les chefs d’entreprise, les journalistes aussi bien que les citoyens qui ont tout autant besoin de comprendre les évolutions du monde contemporain. À la différence de l’information qui aujourd’hui sature la communication, le projet TEPSIS consiste à produire les instruments de décryptage de la réalité en temps réel, y compris de cette saturation informatrice. Reprendre et repenser les sciences historiques et sociales du politique aujourd’hui est une priorité pour saisir dans sa complexité le monde contemporain. À ce titre l’Encyclopédie TEPSIS sera véritablement le programme fédérateur de l’ensemble de nos actions.

Quels sont les partenaires internationaux ?

Ils sont trop nombreux pour être listés. Les universités anglo-saxonnes, bien sûr, mais la grande force de TEPSIS, c’est aussi d’associer très fortement les aires culturelles (qui font la force et l’originalité de l’EHESS). On ne s’étonnera donc pas que nos partenariats soient très larges : les Amériques (et pas seulement les États Unis), les mondes russes, l’Asie, l’Orient, etc…

Qu’en est-il des relations avec les acteurs socio-économiques ?

Je viens un peu de l’évoquer. TEPSIS est aussi bien tourné vers les chercheurs que vers la société civile. Donc les acteurs socio-économiques y joueront un rôle déterminant. D’abord, parce que TEPSIS s’adresse à eux, comme on vient de le voir, ensuite parce qu’eux-mêmes seront une interface pour les débouchés de TEPSIS. Plus précisément TEPSIS envisage de former non seulement des chercheurs et des enseignants-chercheurs, mais aussi des futurs responsables du monde socio-économique. Concrètement la mise en place d’un job market pour les étudiants formés au sein de TEPSIS est une priorité qui se met déjà en place en étroite articulation avec certaines entreprises, associations, institutions du monde socio-économique.

Comment ce LabEx va-t-il fonctionner ?

TEPSIS est dirigé par un comité de direction qui réunit les directeurs des centres de recherches impliqués dans le programme. En son sein, un Bureau exécutif met en œuvre la politique scientifique, de formation et de valorisation et représente le LabEx auprès des instances du PRES héSam. Comme les autres LabEx du PRES héSam, TEPSIS est associé à la gouvernance du programme Paris Nouveau Monde. Les appels d’offres pour les contrats doctoraux et post-doctoraux, comme les fonds de préfiguration de la recherche seront élaborés, mis en œuvre et suivis par les instances de TEPSIS.

Le Bureau exécutif qui met en œuvre la politique scientifique, de formation et de valorisation adoptée par le comité de direction et représente le LabEx auprès des instances du PRES héSam est constitué de : Richard Rechtman, EHESS, directeur du LabEx TEPSIS ; Bruno Karsenti, EHESS ; Frédérique Matonti, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne ; Patrick Michel, CNRS – EHESS ; Christophe Prochasson, EHESS.

La coordination du LabEx est assurée par Élisabeth Sieca-Kozlowski, rédactrice en chef de la revue pipss.revues.org, chercheur associé au CERCEC.

Le comité de direction de TEPSIS (instance décisionnelle) comprend seize membres : treize pour les UMR partenaires, deux pour les écoles doctorales (EHESS et Paris 1), un pour le PRES HESAM. Sont membres du comité de direction de TEPSIS depuis 2012 :

Philippe Bataille, EHESS ; Marc Bessin, CNRS ; Alain Blum, EHESS ; Pierre Boilley, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne; Martine Bungener, CNRS ; Daniel Cefai, EHESS ; Nathalie Clayer, EHESS ; Fabrice Larat, ENA ; Liora Israël, EHESS ; Gisèle Sapiro, EHESS ; Jean-Fréderic Schaub, EHESS et Philippe Urfalino, EHESS.

Ce comité adopte un règlement intérieur et arrête chaque année les volets scientifiques, de formation et de diffusion de connaissances du programme du LabEx, il se prononce sur le budget annuel organisé par actions et programmes du LabEx.

Le conseil scientifique est composé de dix-huit membres extérieurs au LabEx, et de chercheurs étrangers, nommés pour quatre ans.

Quel est l’enjeu d’une telle structure pour l’université de demain ?

Les LabEx sont des organisations éphémères, et c’est cela qui les rend particulièrement originaux et potentiellement transformateurs. Huit ans c’est long au regard d’un projet de recherche, mais bien court pour une structure scientifique. Or, concilier l’éphémère d’un regroupement scientifique qui n’a justement pas vocation à structurer une institution (de recherche ou scientifique) avec la garantie que ce qui se met en œuvre aura des prolongements scientifiques bien plus durables, voilà le challenge que nous voulons relever. J’espère qu’il augure d’une reconfiguration de l’université de demain plus libre, plus audacieuse, plus à l’image de la recherche et des chercheurs et surtout plus en phase avec les projets scientifiques qu’elle n’a pas d’autre vocation que de porter.

Contact TEPSIS : Élisabeth Kozlowski