Face à la prolifération du terme, à l'inflation de ses emplois et aux malentendus interdisciplinaires qu'il génère, il semble de plus en plus difficile de saisir le sens de la notion d' « économie morale ». Tel un leitmotiv, elle est en passe de devenir un signifiant flottant, synonyme parfois selon les occurrences de « culture », d' « ethos », d' « habitus » ou d' « enchâssement ». Dès qu'il s'agit de penser l'articulation entre les sphères de l'économique et du social, entre la production, la circulation et la distribution de biens et des systèmes de normes ou de valeurs qui les encadrent, le terme d'économie morale resurgit, toujours plus ou moins bien spécifié et défini. Bien souvent, son usage nous semble profondément problématique et parfois relever d'un impensé, sorte de « boîte noire » témoignant d'une certaine paresse intellectuelle face à certains objets. Ainsi, cette journée d'étude aura comme objectif de discuter l'apport conceptuel issu de la littérature sur le sujet en le soumettant à une série de thématiques de recherche en cours. Le but est de faire dialoguer des terrains et des approches différentes autour d'une même notion, de la déconstruire pour en distinguer les différents niveaux de sens, ainsi que d'en dégager les espaces de pertinence ou les mésusages. En d'autres termes, il s'agira de chercher à déterminer le caractère heuristique de la notion, à travers ses usages différenciés.