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La Lettre n° 37 | Présentation
par Marion Abélès

La bibliothèque du Laboratoire d’anthropologie sociale a 50 ans

Née il y a un demi-siècle, la bibliothèque du Laboratoire d’anthropologie sociale (LAS) est aujourd’hui un centre documentaire de référence pour l’anthropologie générale, à l’échelle nationale.

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Marion Abélès

Elle fut créée par Claude Lévi-Strauss, fondateur du LAS, pour mettre à la disposition des chercheurs de l’unité les périodiques et les usuels qui leur étaient indispensables pour se tenir informés de l’évolution de la discipline au niveau international.
Ouverte aux seuls chercheurs pendant une vingtaine d’années, la bibliothèque n’a pu déployer ses collections dans un espace à leur mesure qu’en 1985, lors de son installation dans ses locaux actuels :le prestigieux amphithéâtre Arago de l’ancienne École polytechnique. Aujourd’hui, elle ouvre ses portes à un large public, constitué de chercheurs et d’étudiants à partir du master.
On y trouve, rassemblés et consultables en un même lieu, les Human Relations Area Files, la section des imprimés et celle des archives. Cette organisation reflète la complémentarité des ressources documentaires et archivistiques, les différentes sections formant un ensemble cohérent : des notes de terrain aux ouvrages et articles publiés, c’est en effet toute la production de certains ethnologues qui peut être mise à la disposition des chercheurs et historiens de la discipline.

Le Centre documentaire d’ethnologie comparée

C’est ainsi qu’était dénommé le lieu destiné à accueillir les Files avant même que ne soit créé le LAS, ce fichier étant distinct de la bibliothèque. Conçu par l’anthropologue américain George Peter Murdock pendant l’entre-deux-guerres, à l’Institute of Human Relations de l’université Yale, les HRAF constituent une gigantesque base de données ethnographique : mille trois cents sociétés à travers le monde y sont mentionnées ; quatre cents groupes, répartis sur huit aires géographiques et sélectionnés selon des critères de diversité culturelle maximale, y sont documentés de façon exhaustive.

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Une travée des fichiers des HRAF

Marion Abélès

Cet outil, dont il n’existe qu’un exemplaire en Europe dans sa version papier, accessible uniquement au LAS, peut être utilisé soit comme un complément de la bibliothèque, soit comme un système de recherche comparative sur un sujet précis. Sa version en ligne (l’abonnement est pris en charge par la bibliothèque de la FMSH), est désormais interrogeable depuis les ordinateurs de la bibliothèque. Si les données rétrospectives s’y présentent sous une forme « allégée », la base électronique fait l’objet de constantes mises à jour.

La section des imprimés

Pluri thématique et pluri régionale, la section des imprimés compte à ce jour 29 000 ouvrages, 21 500 tirés à part, 1200 thèses et 480 titres de périodiques dont 200 vivants. Elle est constituée d’un fonds général qui couvre l’ensemble des champs de l’anthropologie ainsi que les disciplines connexes : linguistique, archéologie, préhistoire, géographie humaine, sociologie, religion, psychanalyse, etc. Parce qu’elles reflètent les recherches menées au laboratoire, les aires géographiques sont inégalement représentées. Les acquisitions se font en accord avec les chercheurs et évoluent en fonction des thématiques des équipes : elles représentent environ 500 nouveaux titres par an. Plusieurs fonds, dits spécifiques, viennent compléter le fonds général. Ils correspondent aux dons des bibliothèques de chercheurs, qui accompagnent souvent le dépôt de leurs matériaux de terrain à la section des archives. Le catalogue de la bibliothèque peut être consulté en ligne, sur la plateforme http://biblas.college-de-france.fr/.

La section des archives

Dès la création de la section des archives, à la fin des années 90, a été mise en place une politique de collecte directe auprès des chercheurs proches de la retraite ou ayant cessé leurs activités. Sont ainsi réunies, au sein même du laboratoire de recherche qui a permis leur production, des archives scientifiques et institutionnelles. Grâce à cette sauvegarde, il sera un jour possible de retracer l’histoire de cette institution et des travaux réalisés sous la direction de son fondateur, qui ont constitué des étapes marquantes de l’évolution de la discipline.
Aujourd’hui, cet ensemble comporte quinze fonds d’archives de chercheurs, auxquels s’ajoutent un fonds d’archives photographiques et un fonds institutionnel.
Les archives scientifiques comprennent des matériaux de terrain (carnets, notes, photographies et enregistrements sonores, etc.), de la correspondance, des dossiers d’enseignement, des manuscrits et des tirés à part.
Plusieurs générations de chercheurs sont représentées. Le fonds Robert-Hertz, le plus ancien, date du tout début du xxe siècle. Le plus récent provient d’un chercheur décédé prématurément en 1998.
Les archives institutionnelles du laboratoire, qui concernent les années durant lesquelles Claude Lévi-Strauss en était le directeur, témoignent de son implication dans la conduite de son laboratoire, à tous les stades de la recherche. Il s’agit de la correspondance entretenue avec les institutions de tutelle, de nombreux intellectuels et ses étudiants sur le terrain. Ce fonds représente plus de 10 000 doubles de lettres sur papier pelure.
Aux documents écrits, s’ajoutent enfin plus de 10 000 photographies provenant des missions des ethnologues, dont près de la moitié seulement a été numérisée, et un très grand nombre d’enregistrements sonores sur bandes magnétiques représentant 780 heures d’écoute.
La consultation des archives requiert que l’on adresse aux donateurs ou à leurs ayants-droit une demande motivée. Une base de données permet d’accéder à la description des fonds jusqu’au niveau pièce à la bibliothèque même et jusqu’au niveau dossier en ligne, sur le site http://arlas.college-de-france.fr.