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La Lettre n° 34 | Dans les centres et les services | Disparition

Jacques Bertin

Extrait de la déclaration de François Weil à l’assemblée des enseignants le 25 juin

Jacques Bertin est mort le 3 mai dernier dans sa 92ème année. Né en 1918, il avait fait des études de géographie qui l’avaient conduit, déjà, à la cartographie. Au sortir de la guerre, où sa conduite lui avait valu la Croix de guerre et la médaille des évadés, Jacques Bertin était entré au CNRS, avant d’être élu dix ans plus tard à une direction d’études à la vie section, dont il dirigeait déjà depuis quelques années le laboratoire de cartographie, rebaptisé en 1974 : laboratoire de graphique. Jusqu’à sa retraite en 1985, il y forgea une œuvre pionnière en matière de traitements graphiques de l’information, illustrée par son grand livre de 1967, Sémiologie graphique, et les ouvrages qui le suivirent. Parallèlement, il sut persuader ses collègues de l’École de l’intérêt des traitements graphiques pour mieux comprendre la raison cachée des phénomènes qu’ils étudieraient. Il disait qu’une carte sur un graphique devait révéler quelque chose d’inédit par rapport aux hypothèses de départ et savait agencer spatialement les données de manière à faire apparaître ce qui ne se donnait pas à voir. Il était hostile aux couleurs et affirmait que le noir et le blanc, dans leur sobriété, devaient suffire au dossier qui, sans cela, devenait confus. L’œuvre de Jacques Bertin anticipait et, dans une large mesure, a contribué à fonder les évolutions des traitements graphiques de l’information du dernier quart de siècle, sous l’effet de l’informatisation. Avec le laboratoire de graphique, il avait grandement compté dans la puissance créatrice de la vie section, de l’École, des Annales, et de nos Éditions, et de cela aussi il est juste que nous lui soyons reconnaissants.