Le comité s’est réuni sous la présidence de Jean-Claude Schmitt le 4 juin dernier en présence de David Bérinque, directeur général de la Fondation, qui a informé les membres du conseil de l’état d’avancement du projet.

État d’avancement du projet de Campus

La Fondation, créée par décret le 4 décembre dernier, emploie actuellement six personnes. L’équipe est complétée par un conducteur d’opération pour le pilotage des études : l’EMOC (Établissement de maîtrise d’ouvrage du ministère de la Culture), soit trois personnes à temps plein. Le projet est piloté par le conseil d’administration, où siègent les chefs des huit établissements fondateurs et sans doute bientôt la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme de Paris qui apporte au Campus son importante bibliothèque.
La programmation a été confiée à un bureau d’études, la SAMOP. L’étude permet de définir les grandes masses du projet immobilier et permettra de préciser la taille des équipes qui vont venir sur le Campus. Le projet d’aménagement comprend :
- la maîtrise du foncier : l’Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP) a pour mission d’acquérir les terrains pour la Fondation. Lors de la conférence de presse du 3 juin, la Ministre a annoncé la mise à disposition « immédiate » pour cet achat de 40 millions d’euros ;
- l’insertion urbain : l’étude permettra d’inscrire le projet dans les parcelles et dans un territoire plus vaste, en envisageant les interactions avec les réseaux de transport (RER, tramway, métro, etc.) et le plan de rénovation du centre-ville d’Aubervilliers. L’étude urbaine a été confiée le 3 juin à Philippe Panerai, Grand Prix international d’urbanisme, reconnu à l’échelle européenne et internationale. Il étudiera l’organisation de l’espace du Campus et proposera des scenarios d’aménagement, puis des esquisses urbaines.

Le montage opérationnel

Dans le cadre de l’opération Campus, le contrat de partenariat public-privé, figure imposée par l’État, doit permettre d’assurer la maintenance de l’immobilier pendant vingt-cinq ans.
Plusieurs aspects sont à distinguer :
- l’ingénierie financière : la consultation est en cours ;
- la définition des services numériques : de quelle façon doivent-ils se traduire dans le projet (aménagement des différents espaces de travail, transformation des méthodes d’enseignement, anticipation sur l’évolution très rapide des techniques, qui oblige à concevoir des systèmes ouverts) ? L’étude est financée par la Caisse des Dépôts et Consignations. Des options seront à prendre dans les mois à venir.

L’équipement documentaire

La réflexion est conduite par Odile Grandet, conservateur des bibliothèques, qui a présenté au conseil scientifique l’état d’avancement du projet. Il s’agit d’inventer un pôle documentaire du xxi^e siècle sur un campus créé detoutes pièces. Une étude comparée des réalisations existant depuis plus ou moins longtemps à l’étranger [Bibliothèque d’Alexandrie (l’ancienne et la nouvelle), Exeter Library du New Hampshire (USA, 1972), Bibliothèque Tomas Navarro Tomas (Madrid, 2008), Saltire Centre (Caledonian University, Glasgow, 2006), Bibliothèque de la Humbolt Universität (Berlin, 2009), « The Brain » de la Freie Universität (Berlin, 2005) et Bibliothèque de l’EPFL (Lausanne, 2010)] permet de conclure que les grands centres de documentation :
- bénéficient de bâtiments signés, qui sont de vrais « gestes architecturaux » ;
- sont au « centre » d’une ville, d’un quartier, d’un campus ;
- offrent de grands espaces, des circulations généreuses, un confort qui incite les étudiants et les chercheurs à rester ;
- possèdent des collections riches et qui concernent un grand nombre de disciplines ;
- sont à la jonction de la cafétéria, de la librairie, d’un centre de conférences, de salles d’exposition…
Le groupe de travail sur le « Grand équipement documentaire » (GED) du Campus Condorcet se réunit toutes les six semaines. Il apparaît d’ores et déjà évident que le Campus Condorcet devra offrir :
- une mutualisation qui respecte l’identité et l’histoire des collections ;
- une bibliothèque de recherche fondée sur des collections spécialisées ;
- un maximum de libre-accès ;
- un espace spécialisé pour les collections rares (réserve et consultation) ;
- une forte présence de l’imprimé qui reste essentiel en sciences humaines et sociales ;
- une forte présence du numérique ;
- une ouverture généreuse, idéalement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 (ce qui suppose que le campus « vive » avec des logements, des services, des commerces) ;
- une grande variété des types d’espaces ;
- des personnels formés aux nouveaux métiers requis par ce type de projet et les nouveaux usages qu’il induit.

La communication

Françoise Plet-Servan, directrice de la communication, a rappelé que la première Conférence Condorcet a été donnée jeudi 3 juin au théâtre d’Aubervilliers par Andrea Leers, architecte et professeur associé à la Harvard Graduate School of Design. Près de trois cents personnes y ont assisté. Deux autres conférences sont d’ores et déjà programmées, toutes les deux dans le cadre de la « Fête de la science » :
- Jean-Paul Renard, directeur de recherche à l’INRA : « Construire les connaissances sur le front des sciences : le clonage animal à l’épreuve du dialogue entre sciences biologiques et sciences humaines et sociales : un témoignag ».
Paris, Cité des Sciences et de l’Industrie, jeudi 21 octobre 2010 à 18 heures 30.
- Éric Brian, directeur d’études à l’EHESS, « La question du progrès mise en lumière par Condorcet ».
Université Paris 13 Nord, vendredi 22 octobre 2010, à 14 heures, dans le cadre de l’opération « Savante banlieue ».
Les Conférences Campus Condorcet contribuent à :
- construire l’identité du Campus,
- développer sa « notoriété » ;
- faire connaître l’état des recherches en sciences humaines et sociales ;
- valoriser les travaux des chercheurs et doctorants des établissements fondateurs du Campus Condorcet.

Les Ateliers Condorcet

Jean-Claude Schmitt a rappelé que la Fondation du Campus Condorcet a souhaité faciliter la mise en place de groupes de travail destinés à déboucher sur des projets de recherche et a déjà lancé trois ateliers :
- le Vieillissement (les responsables sont MM. Léridon, Desfrançois et Willaime et M. Jean-Paul Verdier (Inserm/ EPHE, Montpellier).
- les Infrastructures numériques (M. Desfrançois)
- les Neurosciences (M. Schiavone).
Une nouvelle proposition émane des collègues responsables du Dictionnaire des faits religieux à paraître aux PUF à l’automne (D. Hervieu-Léger, R. Azria, D. Iogna-Prat, R. Hermon-Belot, etc.). Il s’agirait de poursuivre cette ambitieuse entreprise collective, de réfléchir à la constitution d’un vocabulaire des sciences sociales du religieux, de créer un site et un espace numérique de débats sur le religieux, de « continuer à faire vivre les notices du dictionnaire au rythme du renouvellement des sciences sociales des religions, en associant la réflexion théorique (conceptuelle, épistémologique, méthodologique), les expériences de terrains et les évolutions de l'actualité ». Ce travail prendrait la forme de trois ateliers :
-un « Atelier doctorants » qui consisterait en un séminaire ouvert aux doctorants des divers centres autour de « notices » du dictionnaire ;
-un « Atelier traduction » dans la perspective de possibles traductions de l’ouvrage ;
-un « Atelier bibliothèque » qui élaborerait « une bibliographie raisonnée destinée à servir de base de données à la constitution et au suivi de ce qui serait le fonds sciences du religieux de la future bibliothèque du Campus Condorcet ».