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La Lettre n° 33 | Présentation
par Christophe Prochasson

Un M2 franco-allemand en histoire

Depuis trois ans, s’est progressivement mis en place un diplôme de master franco-allemand encadré par une convention impliquant la formation de master histoire de l’EHESS, d’un côté, et l’université de Heidelberg, de l’autre. Grâce à l’aide de l’université franco-allemande, des étudiants préparant un master d’histoire passent leur année de M2 à l’École, s’ils sont inscrits à l’université de Heidelberg et, inversement, se rendent à Heidelberg s’ils sont inscrits à l’EHESS. Ils reçoivent à l'issue de leur scolarité le « diplôme franco-allemand de master recherche en sciences sociales (mention Histoire), EHESS-université de Heidelberg ». À force de ténacité, l’équipe du master histoire de l’EHESS, conduite par Stéphane Audoin-Rouzeau et Vincent Duclert, et grâce à la patience et à la compétence de Marie-Claude Barré, ce parcours spécialisé, qui atteste la volonté de l’École de s’illustrer dans des formations internationales à la recherche en sciences sociales, commence à porter ses fruits.
Un exemple suffira à illustrer la vitalité de cette filière franco-allemande qui attire autant d’étudiants allemands volontaires pour suivre les séminaires de l’École, que d’étudiants français prêts à compléter leur formation de master en langue allemande.
Le 16 avril dernier, la petite phalange d’une douzaine d’étudiants inscrits, cette année, dans les deux établissements en vue de la préparation de ce master, avaient été conviés à présenter leurs travaux en présence de leurs tuteurs respectifs. Cette visite répondait à celle qui avait eu lieu précédemment à Heidelberg où s’était rendue la petite équipe du master histoire de l’École, accompagnant les étudiants concernés. Témoin de la seconde réunion, en ce tout début de printemps, je veux dire à quel point la qualité du travail comme le climat d’amitié intellectuelle qui régna durant la matinée me semble augurer positivement de l’avenir de ce type de montage dont on imagine ce qu’il exige d’énergie de la part des enseignants comme des personnels administratifs. Du côté de nos partenaires allemands (et notamment Thomas Maissen et Isabelle Deflers, à l’initiative du projet), les efforts n’ont pas manqué ! Mais que de satisfactions chez les étudiants, tous passés sur le gril pendant une journée entière, face à l’attention sourcilleuse d’un tuteur qu’ils rencontraient physiquement parfois pour la première fois lorsqu’ils achevaient leur première année de master ! Que de satisfaction aussi du côté des enseignants, à la découverte d’étudiants brillants, qui plus est bilingues ou presque, et prompts à se soumettre à la discussion de leurs travaux. La diversité des thèmes et la bienveillance avec laquelle chacun s’engagea dans le débat soulevé par chacune des recherches présentées étaient à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre d’une institution comme l’EHESS. L’effet « promotion » qu’un tel programme engendre auprès des étudiants atténue de surcroît le sentiment d’isolement que nos étudiants étrangers éprouvent parfois, peut-être trop laissés à eux-mêmes, et sans boussole.
Ces premiers pas avec nos collègues allemands devraient nous permettre de nous engager dans d’autres expériences de même type. À condition bien sûr d’en pouvoir disposer des moyens et du temps nécessaire à tant de charges… Mais il serait dommage de s’en arrêter là !