Colloque international organisé par le PRI sur les Îles britanniques (EHESS) et le LARCA (université Paris Diderot).

Depuis une dizaine d'années, le conservatisme se trouve au cœur de la recherche sur l’histoire de la démocratie au XXe siècle. Au-delà de l'étude des figures tutélaires comme Margaret Thatcher ou Ronald Reagan, les chercheurs ont restitué les dynamiques qui propulsaient les idées conservatrices sur le devant de la scène du débat politique pendant les années 1970. Pourtant, si tout le monde est d’accord sur le fait que la recomposition et la réémergence du conservatisme est au cœur de l’histoire politique après-1945, les historiens n’ont pas encore traité cette réémergence comme objet d’analyse cohérent et unifié au niveau transnational. Bien au contraire, l’analyse reste trop souvent restreinte aux confins de la seule histoire nationale, ce qui ne permet pas de distinguer entre les phénomènes locaux et les structures plus larges sous-jacentes à la reconfiguration du conservatisme après 1945. Est-il possible de mettre dans le même cadre analytique les libertarians de la Californie du Sud (Orange County) et les politiques mises en place par Margaret Thatcher ? Peut-on comparer la montée en puissance d’Enoch Powell, de Jean-Marie Le Pen et de George Wallace ?
Ce colloque cherche à combler cette lacune en mettant à l’épreuve de l’analyse comparée les expériences françaises, britanniques et américaines de reconfiguration et d’ascension au pouvoir du conservatisme. Si les trois pays en question ont des histoires politiques profondément différentes, tout les trois ont connu une augmentation dans la prise des idées conservatrices et un déclin concomitant dans l’influence de la gauche. Afin de suivre cette évolution, nous avons organisé une série de tables rondes qui réunissent des spécialistes des trois pays autour d’une succession de thèmes communs : Quels sont les moyens idéologiques et stratégiques mis en œuvre par les conservateurs pour combattre les politiques keynesiennes et l’État-providence au niveau de l’entreprise ? Quels sont les moments clés qui permettent aux conservateurs de prendre le dessus dans les luttes contre ceux et celles qui résistent l’ascension du mouvement ? Quelle est la place de la religion et des questions de « race » dans l’émergence des conservatismes populistes ? Quels sont les langages politiques mis en œuvre par les leaders conservateurs lors des élections ? Jusqu’à quel point peut-on parler de « révolutions conservatrices » ?

Avec la participation notamment de Colin Kidd, Jose Harris, Nelson Lichtenstein, Guy Groux, Michael Kazin, Éric Fassin, Gareth Stedman Jones, François Denord, Martin Schain, Jennifer Burns et Paul-André Rosental.