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La Lettre n° 68 | Échos de la recherche
par Ruth Kitchen

Social Understandings and Representations of Deafness in Theory and Education through Cinema

Ruth Kitchen vient d’obtenir une bourse Marie Curie (Intra-European Fellowship - IEF). Son référent est Isabelle Ville.

La France a joué un rôle important dans l'histoire de l'enseignement aux jeunes sourds. C’est en effet en France qu’en 1791, deux ans après la Révolution et en conséquence directe de la reconnaissance des droits des sourds dans la Constitution, qu’a été créée et financée par le gouvernement la première école nationale pour les enfants sourds où les professeurs enseignent en langue signée. De nos jours, la surdité continue à poser des questions compliquées pour l'apprentissage de la langue signée, parlée, ou écrite, nuancées par l'effet des progès technologiques dont l'exemple par excellence est l'implant cochléaire. Ces questions portent sur la compréhension et la médiation des expériences du monde, sur la connaissance de soi et d'autrui, sur l'identité socio-culturelle et sur le sentiment d'appartenance pour les gens sourds et également sur la compréhension de l’expérience de surdité de la part du grand public.

Ce projet de deux ans intitulé SURDITÉ Cinéma (acronyme pour Social Understandings and Representations of Deafness in Theory and Education through Cinema) est conduit par une jeune chercheuse britannique Ruth Kitchen (université de Cardiff), sous la direction d’Isabelle Ville (EHESS) et en collaboration avec Andrea Benvenuto (EHESS/Paris 8). Le projet débutera en septembre 2014. Dans cette étude, le cinéma est objet et outil de recherche de la compréhension et de la représentation sociales de la surdité. À cause de son aspect visuel, le septième art est un domaine artistique où les possibilités d'expression sont les mêmes pour les sourds et les entendants.

Il s'agira d'étudier la représentation et l'expérience contemporaines de la surdité dans le cinéma en utilisant une approche phénoménologique pour examiner comment la comprehension sociale de la surdité change (ou ne change pas) au cours du XXIe siècle. Le projet sera développé suivant quatre axes :

1) cataloguer la représentation de la surdité dans le cinéma depuis l'an 2000 ;

2) comparer les données des interviews avec des artistes du cinéma qui ont representé la surdité (réalisateur, acteur ou scénariste) avec celles des groupes de discussion d’enseignants qui utilisent le cinéma comme outil pédagogique pour étudier la surdité/le handicap ;

3) analyser des théories sociales de la surdité – philosophique, sociologique et psychanalytique ;

4) aborder d'une façon objective les discours scientifiques des domaines des deaf studies, de l'enseignement aux enfants sourds et du handicap, jusqu'ici divisés et politisés, pour créer une base théorique et empirique pour l’étude de la compréhension sociale de la surdité. La recherche a pour but d'analyser les perspectives et les différences sociales, théoriques et pédagogiques contemporaines sur la surdité dans les sphères francophones et anglophones à travers le cinéma.

Une bourse Marie Curie Intra-European Fellowship (IEF) finance cette étude qui s’est donné trois objectifs principaux : transformer la compréhension qu’a le grand public de la surdité ; construire, de manière objective, une base théorique et empirique pour les chercheurs, artistes et enseignants qui travaillent sur la surdité, sur le handicap et/ou avec des gens sourds ; et enfin critiquer et influencer le discours et la politique sur la surdité et le handicap au niveau national et au niveau européen.