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La Lettre n° 65 | Dans les centres et les services | Départ à la retraite
Catherine Büchner
par Jean-Baptiste Boyer

Lettre à Catherine Büchner

Chère Catherine,

Lorsqu’en novembre 2008 vous avez rejoint les Éditions, nous étions honorés d’accueillir l’une des figures de l’École, dont la modestie alliée à l’efficacité légendaire avait déjà marqué tant de services et d’instances de notre institution.

C’est en 1975 que vous avez intégré l’École, alors dirigée par Jacques Le Goff et hébergée dans le vénérable hôtel de la rue de Varenne, que Brigitte Mazon a si bien décrit. Pour rejoindre votre bureau au Service des relations internationales, lorsque vous n’empruntiez pas le grand escalier à la gloire défraîchie, vous vous risquiez parfois à tirer la grille de l’ascenseur Belle Époque. « Lui, ne tombait pas en panne », remarquiez-vous avec la vigilance de la future élue au Comité hygiène et sécurité. L’emménagement boulevard Raspail intervint peu après. Que d’étudiants et de chercheurs en partance pour l’étranger ou fraîchement débarqués d’Orly trouvèrent chez vous l’indispensable sésame !

Cinq années (1993-1998) au Centre d’études africaines vous ont valu de fidèles et solides amitiés. Chargée de la gestion financière, il vous est arrivé d’interrompre un instant vos travaux pour apporter courrier et soutien moral à un éminent chercheur entamant une grève de la faim, en solidarité avec les sans-papiers. Vous alliez le rejoindre sous son arbre ou au porche de l’église, pour traiter les affaires courantes, expédier les urgences, avant de retrouver vos rigoureux grimoires.

De 1999 à 2008, vous régniez sur les finances de la division Sociologie, psychologie et anthropologie sociale. Délaissant parfois NABuCo, vous entonniez le chœur des Hébreux – Va, pensiero, sull’ali dorate… – en inspirant la programmation culturelle du CAES. Que de jolis concerts et de belles expositions ont été proposés grâce à votre goût éclectique et délicat. Vous retrouviez ensuite le sérieux des dossiers comme élue représentant le personnel Iatos au conseil d’administration puis au conseil scientifique de l’EHESS.

Enfin, vous avez pris vos fonctions au 131 boulevard Saint-Michel. Quelle chance pour le responsable du service des Éditions que de pouvoir compter sur une collaboratrice rigoureuse et artiste, ferme et diplomate, tenace et accommodante ! Lorsque vous sifaquiez, ni l’impatient collègue surgissant derrière votre écran, ni la sonnerie stridente d’un fâcheux au téléphone, ni le merle audacieux franchissant le pas de la porte, ne réussissaient à troubler votre calme. Le soir venu, la fée des jardins faisait surgir des vieux bacs à poussière la sauge, l’iris et la rose trémière. (photo) Plus d’un visiteur s’est extasié devant notre petite cour fleurie. Un jour d’automne, à l’heure du déjeuner, nous étions allés en voisins observer les simples, cultivés dans les serres de la Faculté de pharmacie. Nous admirions au passage les fresques d’Albert Besnard ornant le grand hall, dont le piteux état nous attristait, lorsque vous vous êtes soudain arrêtée devant L’Apparition des animaux.

« Tiens, me dîtes-vous, ces dinosaures me rappellent mon ordinateur… » Message reçu. Il fut vite remplacé, sans regret.

Mais vous, chère Catherine, qui nous avez quittés pour une retraite buissonnière, comment vous remplacer ? Soyez remerciée pour tout, et n’oubliez pas, si votre nouvelle vie globe-trotteuse vous y autorise, de faire parfois escale boulevard Saint-Michel ou avenue de France. Tous vos amis vos attendent de pied ferme.

Bien cordialement,

Jean-Baptiste Boyer