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La Lettre n° 61 | Échos de la recherche
par Sophie Fisher

Images de Jean-Bertrand Pontalis au Conseil scientifique de l’École

Une excellente initiative qui ouvrait en quelque sorte les portes du conseil scientifique à un autre « monde » ce fut, lors de l’une des premières séances présidées par Marc Augé en 1985, de saluer les personnalités extérieures élues à ce titre – et pour la première fois – au sein du conseil. Il s’agissait de Madeleine Rebérioux, historienne, professeur à Paris VIII et de Jean-Bertrand Pontalis, agrégé de l’université.

Nous trouvons dans le procès verbal de cette réunion le paragraphe suivant qui – me semble-t-il – signale le côté assez déconcertant de cette élection : « Après avoir ouvert la séance et salué les personnalités extérieures, Mme Rebérioux et M. Pontalis, le président met aux voix l’approbation du projet de procès-verbal du conseil précédent. Après avoir corrigé une erreur dans les résultats de l’élection de M. Pontalis choisi par 21 voix et non 12… ». Charmante inversion des chiffres ! Il reste que cette élection l’a été à la quasi unanimité des membres du conseil. La personnalité de Jean-Bertrand Pontalis, écrivain mais surtout psychanalyste, au moment même où la discussion sur la « scientificité » de cette pratique était fortement discutée, montre jusqu’à quel point l’École s’intéressait aux différences.

Car Jean-Bertrand Pontalis assistait régulièrement aux réunions du conseil scientifique, de même que Madeleine Rebérioux. Ils restèrent deux ans et de 1988 à 1990 on élit Michèle Perrot, historienne à Paris VII et André Miquel, professeur au Collège de France, ils furent remplacés de 1991 à 1994 par Alain Corbin, lui aussi historien à Paris I et Marcel Jollivet, directeur de recherche au CNRS. C’est en 1995, sous la présidence de Jacques Revel que l’on s’éloigna des universités car on élit J.-M. Domenach de Sciences Po Paris et B. Walliser des Ponts et chaussées… Ce bref parcours concernant une catégorie d’élus au conseil scientifique faite par ce même conseil, signale l’aspect insolite du choix de la personnalité de Jean-Bertrand Pontalis.

Je l’avais connu dès mon arrivée d’Argentine vers 1965, en tant qu’éditeur, pour lui demander l’autorisation de publier quelques textes de R. Barthes que j’avais traduits. Il me reçut boulevard du Montparnasse dans ce qui me sembla être son bureau, mais je crois que c’était simplement là où il recevait ses patients. Très aimablement il nous y autorisa a voce. Si mes souvenirs sont bons, cela l’intéressait qu’on ait lu les Temps Modernes, et Sartre et Simone de Beauvoir et Merleau-Ponty, nous, petits étudiants de philo du bout du monde.

C’est donc en tant que membres du conseil scientifique de l’École qu’on s’est revus et – à ma grande surprise – il se rappelait de cette première rencontre.

Au conseil, il parlait peu mais ses rares interventions (si ma mémoire n’est pas trop faible) étaient écoutées avec plus que de l’intérêt car c’était un regard d’ailleurs, de quelqu’un qui avait un « métier » non reconnu par tous, et qui, en tant qu’éditeur et auteur nous apportait une ouverture.