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La Lettre n° 57 | Vie de l'École
par François Hartog

Assemblée du 24 novembre

Extrait de la déclaration de François Hartog, président par intérim, prononcée lors de l’assemblée des enseignants du 24 novembre 2012.

…/…Exercer la présidence de l’École pour quelques mois, de manière imprévue et sans m’y être préparé, a été un grand honneur, mais aussi une lourde charge. Sitôt franchie la porte du bureau de la présidence, j’étais, en effet, censé être au fait de tous les dossiers. Cela allait de soi pour la plupart de mes interlocuteurs. Ensuite, il me fallait faire tout ce qu’il y avait à faire et, en même temps, ne rien faire, ou presque, selon le schéma bien connu des injonctions contradictoires. Certains penseront, avec quelque générosité, que je ne m’en suis pas trop mal sorti, d’autres estimeront, estiment que c’est tout le contraire. Je ne suis pas le mieux placé pour en juger. Je puis seulement témoigner que je m’y suis consacré totalement, en ayant en vue le seul intérêt de l’École. Dans toutes les charges et fonctions que j’ai remplies à l’École, comme directeur de centre, membre du CA, du CS, membre d’un Bureau, et maintenant comme président, je crois n’avoir jamais eu, comme on dit, d’agenda personnel, ou avoir souhaité, plus positivement peut-être, exercer le pouvoir. Je n’en tire nulle fierté particulière, mais il n’y a pas de raison non plus d’en avoir honte. En revanche, quand j’ai eu la chance d’entrer à l’École en 1987, après treize années passées dans l’Université, j’ai su que j’avais, que j’aurai une dette vis-à-vis de l’École. Et là, je m’adresse tout particulièrement aux nouveaux élus, qui tous ont pu être nommés à la date du 1er octobre, et qui, de ce fait, participent, pour la première fois, à notre assemblée. Je les salue, leur souhaite la bienvenue et les invite à se sentir, eux aussi, quelquefois au moins, en dette à l’égard de l’École.

Parmi les choses à faire, il fallait, en particulier, honorer un certain nombre de rendez-vous qui pouvaient être importants : avec nos tutelles, nos partenaires, bien sûr, mais aussi les Missions : celle de la fin de l’été formée à l’initiative de la ministre chargée d’évaluer le projet Condorcet, celle, quelques semaines plus tard, mission Peylet, chargée d’un rapport sur les plans Campus. Il convenait aussi d’obtenir de l’AERES que nous puissions déposer notre dossier pour la négociation du contrat quinquennal en deux temps : le premier, à la date de rigueur du 15 octobre pour les unités de recherche et tout ce qui concernait la formation, le second, le 15 décembre, soit après l’élection du nouveau président, pour le bilan et, surtout, le projet stratégique, afin qu’il puisse être endossé et signé par le nouvel élu. La date du 15 octobre a été tenue (j’ai appris depuis que cela n’avait pas été le cas de tous les établissements) : non pas grâce à moi, mais grâce au travail qui, des mois durant, s’est accompli dans les centres et les différents services de l’École pour finalement réussir à gaver Pelikan de tout ce qu’il réclamait. Je voudrais renouveler mes remerciements à toutes celles et ceux qui ont composé, compilé, lu, relu et finalement saisi toute cette masse de documents. Nous sommes maintenant entrés dans la phase des visites de l’AERES, qui est tout sauf sans importance, pour chacune des équipes concernées bien sûr, mais aussi, à chaque fois pour l’École elle-même. Car à tous nos interlocuteurs, je n’ai cessé de dire et de redire cette chose simple, qui nous paraît à tous une évidence, mais qui, malheureusement, ne va pas toujours de soi : nous ne sommes pas un conglomérat d’UMR, mais une école. Ce qui veut dire que ni l’approche par unités de recherche, ni l’approche disciplinaire ni l’approche thématique ne suffisent à rendre compte de ce que nous sommes et voulons être. Pire, elles ne peuvent même que manquer nos façons de pratiquer les sciences sociales et de l’apprendre à nos étudiants. Ce dont entendent témoigner, de façon claire et maniable, les trois volumes tout juste publiés par les Éditions de l’École, sous le titre Faire des sciences sociales.

Les instances se sont réunies régulièrement et ont été tenues informées de l’état d’avancement des dossiers en cours. Au conseil scientifique, dont les ordres du jour ont été chargés, les discussions ont été, je crois, intéressantes et utiles. Il y eut même un conseil scientifique spécial entièrement consacré à la discussion du texte intermédiaire destiné aux évaluateurs de l’AERES, texte qui devait accompagner le dépôt du 15 octobre. Dans le cadre du CA, nous avons reçu, à sa demande, le directeur de l’Epaurif, qui est venu nous présenter le calendrier prévisionnel du désamiantage et de la réhabilitation du 54, respectivement 2014 et 2016, ainsi que les hypothèses, je dis bien les hypothèses, concernant le 54 du Bd. Raspail. Comme l’a rappelé Michel Wieviorka, « c’est l’État qui tranchera », ce ne seront ni l’École ni la FMSH.

Parmi les instances que j’ai appris à connaître au cours de ces mois, il y a celles, importantes et probablement moins bien connues de vous, que sont la Commission des personnels, la Commission paritaire d’établissement, le Comité technique, le Comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail. Je voudrais vous dire quelques mots, d’autant plus que, là où des enseignants siègent, leur assiduité ne m’a pas frappé. Ces instances sont liées à l’histoire de l’École : depuis la plus ancienne, la Commission des personnels jusqu’à la plus récente, dans sa version nouvelle, en application d’un décret de 2012, le Comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail, dont les compétences ont été élargies. Si chacune a sa spécificité, il y a néanmoins quelques chevauchements et recouvrements, qui mériteraient peut-être un examen. Première remarque : les représentants et représentantes qui siègent dans ces comités sont des agents particulièrement attachés à l’École, intéressés par ce qui s’y passe, en quête d’informations, porteur de questions et désireux de voir l’École réussir ce qu’elle entreprend. Mais je pense que si nous voulons qu’ils travaillent mieux encore à et pour l’École, nous devons être conscients collectivement qu’il nous faut, individuellement, travailler davantage avec eux.

J’ai aussi perçu chez eux une réelle inquiétude, dont je voudrais vous faire part. Le déménagement du 54 a été réussi, mais il a aussi rompu des habitudes et a amené des changements dans le travail. J’ai entendu parler de cloisonnement et de manque de convivialité. La perspective d’un autre déménagement : à quelle échéance ? de qui ? pour aller où ? les préoccupent légitimement. Le passage aux compétences élargies a des incidences directes sur le travail, pas seulement sur celui des services des ressources humaines. Les différents logiciels de gestion qui nous sont imposés impliquent des apprentissages et créent des contraintes qui modifient, pour partie, les manières de travailler des agents. D’où, là aussi, des inquiétudes, auxquelles il convient de répondre. De plus, la multiplication des contrats de recherche, le nombre grandissant des conventions à établir avec toutes sortes de partenaires, tant français qu’étrangers, plus généralement la judiciarisation de toutes les procédures et le développement des réseaux, tous ces éléments peuvent impliquer, dans certains cas, un surcroît de travail, mais, surtout, induisent une forte et rapide transformation des façons de travailler et, donc, du travail lui-même. Avec, en particulier, cette conséquence que la frontière entre l’externe et l’interne, entre ce qui concerne l’École en propre et le monde extérieur, est de plus en plus difficile à tracer. À ces transformations des fonctions doivent correspondre des évolutions des compétences que l’École doit favoriser et accompagner. À propos de ce partage interne/externe, laissez-moi prendre l’exemple de Condorcet : l’École fait partie de Condorcet, dont elle est l’un des membres fondateurs, mais Condorcet fait aussi partie de l’École. Pour l’année 2012, la contribution de l’École à ce qui est depuis peu l’Établissement public Campus Condorcet se monte, en termes comptables, à 140 000 euros. Le statut d’établissement public implique des modifications des instances et, notamment, une ouverture du CA aux personnels. Aussi un courrier vient-il de vous indiquer que nous avions à désigner des grands électeurs, dans trois collèges, pour le 17 décembre prochain, très vite donc. J’ai pris cet exemple, parce qu’il est très présent, mais on pourrait en citer d’autres.

Plus généralement, une des conditions pour que l’École trouve sa place dans ces dispositifs nouveaux et non encore stabilisés est, et je m’en tiens au registre sur lequel j’ai choisi d’attirer votre attention, celui des personnels, une condition nécessaire est que celles et ceux qui travaillent dans les différents services de l’École, dans les centres, dans les diverses implantations de l’École aient une vue aussi claire que possible de ce qui est en train de se passer. Et cela, je le répète, relève de notre responsabilité collective. Il serait trop commode et fallacieux de s’en affranchir, en recourant à la commode figure du eux versus nous : c’est à eux, eux c’est-à-dire l’Administration au sens large (incluant toutes celles et ceux qui exercent une responsabilité dans l’École) de s’en débrouiller, tandis que nous, nous avons nos recherches, nos obligations et nos agendas.

Ces semaines sont aussi, comme vous le savez, celles de la préparation du budget 2013 qui sera présenté au prochain CA de décembre. L’information que je vous donne à ce sujet est, malheureusement, une confirmation de ce qu’avait déjà laissé entendre François Weil : la probabilité d’une baisse de 7% de notre Dotation globale de fonctionnement est devenue une certitude, ce qui veut dire, concrètement, qu’il nous faudra dépenser moins et, si possible mieux, (à hauteur de 300 000 euros environ).

L’information qui suit est, en revanche, de bon augure : la 35e conférence Marc Bloch, qui aura lieu le 4 juin prochain, sera donnée par l’écrivain allemand, Hans Magnus Enzesberger.

Tout au long de ce texte, j’ai dit « je », et c’est la loi du genre, puisqu’il s’agit de la déclaration du président, mais ce « je » est, pour le coup, un vrai « nous ». Je veux, en effet, conclure ces quelques mots, en exprimant ma gratitude à l’égard de toutes celles et ceux sans qui je n’aurais tout simplement pas pu travailler. Après tout, il n’était pas facile, pour eux non plus, de se trouver du jour au lendemain face à quelqu’un qu’ils ne connaissaient guère. Auprès d’eux, j’ai appris non seulement à les connaître, mais aussi à mieux connaître l’École, avec ses forces, réelles, ses faiblesses aussi, parfois. J’ai pris la pleine mesure de l’intensité de leur engagement au service de l’École. Je ne puis tous les citer, ici, mais je tiens au moins à nommer celles et ceux avec qui le président est amené à travailler quotidiennement : les membres du Bureau –Dinah Ribard, Marie-Vic Ozouf Marignier, Pierre-Cyrille Hautcœur, Jean-Marie Schaeffer –, puis viennent, si j’ose dire, les permanents, Hélène Moulin-Rodarie, Bernard Baraton, Philippe Casella, Joëlle Busuttil, sans oublier les secrétaires de la présidence, dont la disponibilité, la gentillesse et la compétence doivent être saluées : Lydia Robin, Sabah Touiher et Goretti Froin.

À toutes et à tous, merci.