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La Lettre n° 57 | Échos de la recherche
Le Ruche
par Geneviève Massard-Guilbaud

Le RUCHE

Le RUCHE (Réseau Universitaire de Chercheurs en Histoire Environnementale) est un réseau pluridisciplinaire créé en septembre 2008 et constitué en association à but non lucratif au printemps 2009. Ses réunions et séminaires parisiens ont été, jusqu’à ce jour, hébergés par l’EHESS. Ses membres appartiennent à diverses universités et autres établissements d’enseignement supérieur ou secondaire intéressé-e-s par l’histoire environnementale. Cette histoire environnementale n’étudie pas « la nature », ni l’environnement au sens de contexte physique et biologique de l’homme, mais la relation que l’homme et les sociétés, qui font partie la biosphère, entretiennent avec celui-ci, et ceci dans les deux sens : impact de l’homme sur son environnement (y compris la façon dont il le construit), impact de l’environnement sur l’homme. Elle s’intéresse aussi bien à l’étude des aspects matériels (aménagement des zones humides, modifications du climat, par exemple) qu’à celle des représentations (de la nature ou de la pollution…), ou encore aux politiques (gestion des déchets, des réseaux techniques, énergie…) ou des idées (conservationnisme, environnementalisme…). Elle concerne toutes les périodes et ne néglige aucune échelle, mais privilégie les études sur le temps long ou très long. Elle s’efforce d’associer et de faire dialoguer les disciplines relevant des sciences humaines et sociales et celles qui relève des sciences naturelles ou des sciences de la terre.

L’objectif du RUCHE est de promouvoir le développement de cette histoire environnementale et de faciliter les échanges intellectuels entre des chercheurs parfois isolés dans leurs institutions respectives par la tenue de séminaires, journées d’études, colloques, et par la centralisation et publication des informations. Il dispose d’un site interactif qui publie de nombreuses informations nationales et internationales et atteste la vitalité de ce champ de recherches. Le RUCHE est la branche française de l’European Society for Environmental History, une société active qui organise une conférence bisannuelle, des écoles d’été thématiques, publie une collection d’ouvrages en collaboration avec le Rachel Carson Center for Environment and Society (Munich) et l’éditeur Berghahn, travaille en étroite collaboration avec la revue internationale Environment and History et entretient des relations avec les sociétés d’histoire environnementale qui existent maintenant sur tous les continents (Amérique du nord, Amérique du sud et Caraïbes, Afrique, Asie, Australie-Nouvelle-Zélande).

Pendant l’année 2011-2012, Le RUCHE a poursuivi pour la troisième année consécutive son séminaire mensuel. Alors que les interventions des années précédentes étaient de nature historiographique, celles du cycle 2011-2012 ont permis la présentation de recherches en cours ou récentes. Plusieurs axes ont guidé la construction du séminaire : étude des marqueurs des évolutions environnementales sur la longue durée, transformations environnementales urbaines et rurales liées aux évolutions techniques et économiques, rôle de la gestion de l’eau dans les processus environnementaux et enjeux politiques de la transformation et de la protection de l’environnement. Ces axes ont été croisés et appliqués à des échelles différentes, avec un souci de maintenir une ouverture internationales (Angleterre, Espagne, Pays-Bas, Canada, Russie) et de penser des phénomènes globaux (guerre froide, grande hydraulique dans le monde…).

Si la ville constitue un cadre d’étude désormais bien intégré aux études environnementales (notamment les grandes métropoles comme Paris et Montréal, qui ont fait l’objet d’analyses spécifiques au cours du séminaire), la majorité des interventions a porté sur des milieux spécifiques (prairies de Russie et d’URSS, fleuves et littoraux, zones industrialisées anglaises…). Les grands enjeux de l’histoire environnementale ont donc été abordés, non plus à travers une succession de champs spécifiques de l’historiographie, mais avec l’ambition de montrer les interactions entre ces différents champs. La construction des représentations de l’environnement au cours du temps a été ainsi l’un des moyens de prendre en considération la façon dont les sociétés se sont emparées des contraintes de leur milieu de vie, s’y sont adaptées, et ont ainsi créé de nouveaux défis pour l’appropriation et l’aménagement des territoires.

La façon dont les États ont abordé les crises environnementales, qu’ils en soient en tout ou partie responsables ou qu’ils aient été amenés à les combattre, est au cœur de nombreuses interrogations. Toutefois, les politiques publiques doivent être étudiées en prenant en compte tous les acteurs qui en sont partie prenante. La gestion des littoraux, la lutte contre les inondations et les grands travaux hydrauliques, par exemple, nécessitent une analyse historique qui tienne compte de la façon dont les pouvoirs se sont construits à travers des pratiques sociales complexes depuis la période médiévale au moins, qui a fait l’objet de deux communications. Ce séminaire a donc permis de montrer comment l’environnement, loin d’être une donnée en soi, naît de la confrontation entre des intérêts divergents mais aussi de la recherche de solutions communes articulant différentes échelles de pouvoir.

En 2012-2013, le RUCHE a commencé l’année par un colloque Techniques et Environnement, tenu en septembre à l’EHESS et au CNAM et dont les communications étaient organisées autour de quatre thèmes : mesurer et cartographier l’environnement ; populations animales, populations humaines ; techniques ou savoirs hydrauliques et pollution de l’eau ; impact des travaux hydrauliques. Son séminaire mensuel cède la place cette année à un cycle de cinq journées d’études qui se tiendront alternativement à Paris et en province, pour faciliter la participation de collègues d’universités non parisiennes :

  • Archéologies environnementales (novembre, Nanterre)
  • Des fleuves, des villes et des hommes : approches historiques (février, Lyon)
  • Histoire sociale et environnementale du végétal (mars, Paris)
  • S’adapter à la mer : l’homme, la mer et le littoral du Moyen-Âge à nos jours (avril, Nantes)
  • Histoire économique, sociale et environnementale de la mine (mai, Paris)

Il soutient par ailleurs l’Environmental History Seminar de la Maison Française d’Oxford et a publié un appel à communication pour son prochain colloque qui se tiendra à Paris, en septembre 2013, sur le thème : « Les impacts environnementaux et sociaux de l’aménagement territorial : perspectives historiques ».

Tous les détails concernant ces séminaires, journées et colloques sont disponibles sur le site du RUCHE. On peut aussi écrire à ruche@numericable.fr

Le RUCHE a été soutenu financièrement jusqu’à ce jour par le R2DS, (Réseau de Recherche sur le Développement Soutenable de l’Île de France). Les coupes sévères effectuées cette année par la Région dans le budget de ce dernier ne lui permettent malheureusement pas de poursuivre ce soutien, et le RUCHE accueille donc avec plaisir les adhésions, qui contribuent à son financement ! Le soutien apporté par l’EHESS sous la forme de prêt de salle pour séminaires et colloques ainsi que les contributions financières du CRH et du CERCEC, et pour les universités de province, du LARHRA (Lyon) et du CHEC (Clermont-Ferrand) ont également été précieuses.