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La Lettre n° 30 | Informations diverses
Sébastien Lechevalier
par Sébastien Lechevalier

La Fondation France-Japon de l’EHESS

Pourquoi une Fondation France-Japon de l’EHESS ?

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L’idée qui a prévalu à la création de la Fondation France-Japon de l’EHESS s’appuie sur un constat : la trop grande faiblesse des échanges et des partenariats dans le domaine des recherches en sciences humaines et sociales entre le Japon et la France, hormis ceux mis en œuvre par les seuls spécialistes de la France et du Japon dans chacun de ces deux pays et ceux effectués de façon dispersée entre divers partenaires universitaires. Les échanges actuels restent souvent déséquilibrés, faute de moyens et surtout de dispositifs adaptés du côté français.
À ce jour, il n’existe en France aucune structure équivalente à la Maison franco-japonaise de Tokyo qui, depuis plus de quatre-vingts ans, permet, entre autres activités, à des chercheurs français de séjourner au Japon pour travailler en collaboration avec des chercheurs japonais. La Fondation France-Japon de l’EHESS souhaite s’inspirer de ce modèle pour créer en France un pôle similaire à même de fédérer et d’encourager les échanges en permettant à des Japonais de travailler à Paris dans les meilleures conditions, le temps de leur mission.

Exploiter le potentiel de collaborations scientifiques avec le Japon

La collaboration avec le Japon, notamment pour les recherches en sciences humaines et sociales, constitue une source d’enrichissement potentiel trop souvent ignorée. La compréhension de l’histoire du Japon, par exemple, notamment depuis la Restauration de Meiji, est porteuse d’enjeux qui dépassent largement le cadre des études japonaises. Elle s’inscrit dans les remises en question actuelles liées à la montée en puissance des nouveaux courants historiographiques de l’histoire mondiale et de l’histoire connectée. La prise en compte des travaux japonais en retour devrait être un enrichissement aux « défis programmatiques » que représentent les sciences historiques aujourd’hui. Pour ce qui est des périodes les plus récentes, on constate des transformations extrêmement rapides des structures sociales japonaises qui vont parfois à l’encontre des schèmes d’évolutions habituels appliqués aux sociétés industrialisées et développées. Un exemple, quasiment ignoré en France, concerne la trajectoire japonaise en matière d’inégalités depuis les années 1970. Pour ne prendre qu’un critère simple, celui du coefficient de Gini, le Japon est passé d’un niveau d’inégalités comparable à ceux de la Suède et de la Norvège au début des années 1970, à un niveau d’inégalités similaire, aujourd’hui, à celui des États-Unis. Il est regrettable que les spécialistes français de ces questions négligent le cas japonais dans leurs études comparatives.
Le Japon, par sa position géostratégique, reste par ailleurs l’observatoire privilégié pour une analyse et une meilleure appréhension des transformations économiques et sociopolitiques aujourd’hui à l’œuvre en Asie orientale et en Asie du Sud-Est. Les spécialistes japonais sont souvent les mieux placés pour apprécier les évolutions de la Chine, cet avantage ne résultant pas seulement d’une proximité naturelle et d’une empreinte culturelle historique, mais aussi d’un travail de longue haleine, mené bien avant la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays en 1972.
Enfin, au-delà de cet intérêt presque « naturel » pour ses voisins, le Japon a également développé, depuis plus de trente ans, une politique scientifique de recherche sur les aires culturelles. C’est ainsi qu’a été fondé à l’université de Kyoto, en avril 2006, le Centre pour les études régionales intégrées. Ce Centre collabore aujourd’hui avec des spécialistes travaillant sur des problématiques de comparaisons inter-régionales portant sur l’Amérique latine, l’Europe de l’Est, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est. Son programme d’invitation s’adresse à tout chercheur, quelle que soit sa nationalité, dont les intérêts et les recherches sont en lien avec les problématiques et les aires culturelles affichées comme prioritaires. Ce genre de partenariat « triangulaire », particulièrement fructueux, met nécessairement en œuvre des synergies complémentaires qui ne peuvent qu’enrichir l’approche du terrain « tiers ».
C’est à l’exploration de ces opportunités que la FFJ doit travailler en facilitant toute initiative permettant de les faire connaître et de les développer au profit des chercheurs et des institutions universitaires et de recherche des deux pays.

Organisation de la Fondation France-Japon de l’EHESS

La Fondation France-Japon de l’EHESS, dont les statuts ont été approuvés par le conseil d’administration de l’EHESS le 2 octobre 2009, est une fondation universitaire. Elle peut à ce titre être considérée comme un service de l’EHESS et dispose d’une autonomie financière, mais n’a pas de personnalité morale. Elle doit soumettre au conseil d’administration et au conseil scientifique de l’EHESS son rapport annuel d’activités.
Le conseil de gestion de la fondation joue le rôle à la fois de conseil d’administration et de conseil scientifique. Le président de l’EHESS en est membre de droit. À terme, ce conseil comportera dix-huit sièges, répartis en quatre collèges : le collège « Établissement » (cinq sièges), le collège « Fondateurs » (quatre sièges), le collège « Personnalités scientifiques » (cinq sièges) et le collège « Donateurs » (quatre sièges).

Programme des activités de la Fondation France-Japon de l’EHESS

Le colloque inaugural de la Fondation France-Japon a eu lieu le 14 novembre 2009, sur le thème « Penser la crise ». À cette occasion, plusieurs de nos collègues, parmi lesquels François Bourguignon, Robert Castel et Jean Tirole, ont dialogué avec des chercheurs japonais, Takeo Hoshi, Mari Osawa, Jiro Yamaguchi, notamment.
Hiroko Ota, ex-ministre d’État pour la politique économique et fiscale, professeur au GRIPS, accueillie par la FFJ en mars, participera aux manifestations suivantes :
3 mars, 14h-15h30 : Reform of public finance in Japan
Séminaire ouvert organisé en collaboration avec l’École d'économie de Paris (master Politique publique et développement).
École d'Économie de Paris, 48, bd Jourdan 75014 Paris, Salle E101.
4 mars, 18h45-21h : Sortir de la crise : la question de la dette publique
Table ronde avec Christian Sautter (EHESS) et Robert Boyer (CNRS, EHESS), dans le cadre du cycle de conférences-débats « Rendez-vous de crise » organisé par les Cercles de formations et les Éditions de l’EHESS.
EHESS, 105, bd Raspail 75006 Paris, amphithéâtre François Furet.
Entrée libre dans la mesure des places disponibles.
15 mars, 13h30-15h : Which economic policies in Japan for which goals and results? Past, present and future
Séminaire ouvert co-organisé avec l’Association de presse France-Japon.
EHESS, 96 bd Raspail 75006 Paris, salle M. & D. Lombard.
17 mars, 15h-17h : The Japanese economy and economic structural reform in Japan
Séminaire ouvert co-organisé avec le Centre de recherches sur le Japon.
EHESS, 105, bd Raspail 75006 Paris, salle 2.
La FFJ accueillera également Yuichiro Mizumachi, de l’université de Tokyo :
18 mars, 17h-19h: Les transformations de la régulation sociale au Japon depuis le début des années 1990 
Séminaire ouvert co-organisé avec Antoine Lyon-Caen (EHESS/Paris X).
EHESS, 96, bd Raspail 75006 Paris, salle M. & D. Lombard.