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La Lettre n° 55 | Dans les centres et les services | Disparition

Hommage à Isac Chiva

Extrait de la déclaration du président lors de l’assemblée des enseignants du samedi 16 juin

Isac Chiva est mort le 30 avril dernier, dans sa 87e année. Une photo de 1982 le représente, au Collège de France, à la droite de Claude Lévi-Strauss. Cette place, il l’occupait alors de plein droit depuis plus de vingt ans, en sa qualité de sous-directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale, où il jouait un rôle discret mais essentiel.

Chiva, né en Roumanie et survivant, en 1941, du terrible pogrom de Jassy dont il décrivit les horreurs il y a quelques années, était arrivé en France en 1948, fort de la conscience d’avoir survécu à la catastrophe, de sa volonté d’échapper à la chape stalinienne qui s’abattait sur la Roumanie de Gheorgiu-Dej, et de son intérêt pour la sociologie rurale. Il devint ruraliste, entrant au CNRS en 1951 puis en 1960 à la VIe Section comme chef de travaux. Il y est bientôt sous-directeur et, en 1971, directeur d’études. Il y contribua grandement à refonder les études rurales, loin des errements essentialistes, mythiques et nationalistes des décennies précédentes, en mettant à profit la distance, qu’il mesurait et mettait à profit avec ironie, d’un chercheur qui se définissait volontiers comme profondément métèque. Il le fit avec conviction dans son œuvre, dans ses séminaires, et dans son action au service des communautés scientifiques, en France et en Europe. Il participa à la création de la revue Études rurales et la dirigea longtemps. Il consacra temps et énergie au renouveau de l’ethnologie de la France, lui qui joua un rôle décisif dans la création de la Mission du patrimoine ethnologique au ministère de la Culture en 1979-80.

À cet homme de science et d’institution, l’École, comme les études rurales ou l’ethnologie de la France, doit beaucoup.