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La Lettre n° 48 | Présentation
Le projet SOGIP
Crédits : Martin Préaud
par Irène Bellier

Le projet SOGIP

Le projet de recherche Scales of governance : the UN, the States and Indigenous Peoples : self determination at the time of globalisation – SOGIP, a été lauréat du « ERC Advanced Grant » en septembre 2009. Ce projet, géré par l’EHESS, bénéficie du soutien financier du Conseil Européen de la Recherche (European Research Council) au titre du septième programme-cadre de la communauté européenne (7ePC/2007-2013) et en vertu de la convention de subvention (ERC–2009–AdG–20090415, accord 249236). Irène Bellier qui assume la responsabilité scientifique du projet SOGIP, est directrice de recherches au CNRS et directrice du LAIOS (IIAC–UMR 7781). Elle est également membre du conseil scientifique de l’EHESS depuis 2009, et vice présidente du GEMDEV (groupe d’étude de la mondialisation et du développement, depuis 2002).

Le projet SOGIP : Échelles de gouvernance – les Nations unies, les États et les Peuples Autochtones ; l´autodétermination au temps de la globalisation
SOGIP est un projet de recherche comparative sur les dimensions sociales, culturelles et politiques de la reconnaissance internationale des droits des peuples autochtones. Sous la direction de Irène Bellier, en qualité de « chercheur principal », est mis en place un dispositif de recherche destiné à appréhender les relations complexes entre le global et le local. C’est à partir de ses recherches en anthropologie politique, aux Nations unies, sur la participation des représentants des peuples autochtones aux négociations avec les représentants des États et les instances internationales, et sur le mouvement qu’ils configurent et dont elle observe l’expansion sur tous les continents, qu’est apparue la nécessité de comprendre comment ce qui est défini comme des « avancées » au niveau de l’ONU se répercute localement. Comment les discours autochtones (témoignages et expertises) nourrissent-ils la fabrique internationale de normes, plus ou moins contraignantes, et d’indicateurs qui visent à redéfinir les politiques publiques en direction de ces populations ? Depuis l’adoption de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones par l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2007, on observe la mobilisation des organisations internationales, des ONGs et des organisations de peuples autochtones autour de la mise en œuvre de ses dispositions. Cela nous conduit à analyser les effets de la reconnaissance des collectivités indigènes/autochtones comme « peuple » au sens international du terme, en nous centrant sur les différentes modalités possibles d’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui constitue le cœur de cette Déclaration. Le dispositif de recherche vise à analyser les discours, les politiques, les pratiques et les représentations d’acteurs de puissance inégale, dans une dizaine de pays, en Amérique du sud, Afrique australe, Océanie et Inde. L’approche comparative ainsi que la volonté d’associer des centres de recherches dans les pays concernés par l’approche SOGIP, des partenaires autochtones et certains secteurs des organisations internationales témoignent de la complexité de ces « questions autochtones » aujourd’hui. L’un des enjeux du projet SOGIP est de mettre en relation les différentes manières dont elles sont traitées au plan politique et réfléchies sur la scène académique, dans les mondes anglophones, hispanophones et francophones.

L’équipe SOGIP
Une équipe de recherche a été constituée. Composée de neuf chercheurs, (anthropologues, politiste et juriste), d’un manager-assistant de recherche et d’une documentaliste-webmestre, elle est destinée à fonctionner sur toute la durée du projet (2010-2015). Cela pose quelques défis d’organisation car une équipe ERC fonctionne sur une durée limitée et ses moyens, certes satisfaisants, ne garantissent pas un emploi pour chacun sur les soixante mois du projet. Nous avons donc beaucoup réfléchi aux moyens de créer une dynamique collective. La première année a permis de consolider l’équipe composée de cinq femmes et cinq hommes en plus de la responsable, avec le recrutement contractuel d’une doctorante, de sept post-doctorants et d’une ingénieure d’études. Une doctorante associée au projet sera recrutée ultérieurement. Depuis lors, trois membres de l’équipe ont été recrutés sur des postes permanents au CNRS, à l’université d’Amiens et à l’université de Lausanne ce qui les conduit à développer de nouvelles activités, tout en restant associés aux travaux de SOGIP. Deux chercheures effectuent des missions longues de recherches sur le terrain, les autres réalisant des missions ponctuelles. Un équilibre a été trouvé avec le partage de bureaux au France, la tenue de réunions mensuelles s’appuyant sur les facilités Skype pour associer les chercheurs à distance, l’organisation de sessions semestrielles de travail « tout SOGIP » et l’utilisation des technologies de communication.

Les activités SOGIP
Un site web trilingue (anglais, espagnol, français) a été mis en place pour faire connaître les recherches et les membres de l’équipe, les thématiques que suit précisément chacun des chercheurs, ainsi que les activités d’enseignement, de communications et de publications qui témoignent de la dynamique collective. Une fonction Intranet établit une base de partage des informations et des ressources documentaires entre les membres de l’équipe. Adossé à un blog conçu pour assurer une veille documentaire et scientifique sur les problématiques SOGIP, l’ensemble contribue à la visibilité du projet et permet d’associer, par différents moyens, toute une série de personnes manifestant leur intérêt ou leur compétence sur ces questions.
En juillet 2011, un premier workshop international, rassemblant sur trois jours une cinquantaine de personnes, a été organisé par les membres de l’équipe, à l’EHESS sur le thème « Peuples autochtones : avancées internationales, gouvernance et questions juridiques », avec la participation de vingt-deux invités étrangers, enseignants, chercheurs, anthropologues, juristes, ainsi que du premier Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits et libertés fondamentales des peuples autochtones, et des experts autochtones. Avec le souci de présenter des perspectives comparatives (Afrique, Amérique, Asie, Océanie) dans chaque session, nous nous sommes penchés sur les trajectoires de reconnaissance des peuples autochtones, sur les contradictions entre les institutions autochtones et les traditions juridiques nationales, sur la manière dont sont appropriées les normes internationales par les appareils d’État, ainsi que sur les stratégies, les acteurs des mobilisations locales et la construction d’un imaginaire globalisé. D’autres workshop seront organisés les prochaines années, sur des questions centrales pour l’analyse de la « gouvernance des questions autochtones » à savoir : le rapport à la terre et au territoire, les conflits avec les entreprises minières ou agro-industrielles et les projets de « développement », ainsi que les modèles d’éducation et d’intégration socio-économique.
Irène Bellier a organisé une table ronde en Inde « Indigenous Peoples in India » (en collaboration avec Prof. Pralay Kanungo, JNU – New Delhi, décembre 2010), invité deux conférenciers : Prof. John Altman (Australian National University) « Développement alternatif et différence : reconfigurer les relations à l’État sur le domaine foncier aborigène, ») (EHESS – 24 juin 2011), et Prof. Rodolfo Stavenhagen (Colegio de Mexico) « L’institutionnalisation des droits des peuples autochtones : possibilités et problèmes » (CERI – 28 juin 2011). Elle a également complété l’invitation par l’EHESS de Tania Li (Université de Toronto) pour une troisième conférence « Indigènes/autochtones — Paysans/Agriculteurs : Jeux identitaires – enjeux de propriété » (EHESS- 9 novembre 2011).
Deux séminaires ont été mis en place à partir de l’année 2011, à l’EHESS et à l’Institut des hautes études d’Amérique latine. Le premier, sous la forme d’un séminaire de recherche ouvert à tous, coordonné par Irène Bellier et Martin Préaud, porte sur « les perspectives comparatives sur les droits des peuples autochtones ». Le second, sous la forme d’un séminaire d’enseignement, coordonné par Irène Bellier et Laurent Lacroix, aborde plus précisément pour des étudiants de M2 se spécialisant sur l’Amérique latine les thématiques « Identité, ethnicité, multiculturalisme. Global – local : dynamiques politiques ».
Les membres de l’équipe SOGIP sont très actifs en France et à l’étranger. Ils participent à des colloques, conférences internationales, séminaires de recherches et d’enseignement. Plusieurs publications sont déjà sorties, d’autres sont en cours d’élaboration. Les titres sont consultables sur le site web. Une collection SOGIP, la première du genre « ERC », est mise en place sur le site HAL-SHS.