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La Lettre n° 48 | Présentation
Hilary Chappell et l'équipe du projet Sinotype
Hilary Chappell et l'équipe du projet Sinotype
par Hilary Chappell

The hybrid syntactic typology of sinitic languages

L’objectif du projet Sinotype est de mener la première enquête d’envergure sur la typologie des langues sinitiques (chinoises) en élargissant les horizons bien au-delà du mandarin standard, afin d’identifier les paramètres fondamentaux qui entrent en jeu dans la construction grammaticale de cette langue standard et en les comparant à ceux des familles de langues voisines de l’Asie orientale et de l’Asie du sud-est. Le but ultime de la recherche est de trouver des explications à l’apparente typologie hybride qui caractérise la plupart des langues sinitiques qui manifestent un mélange paradoxal de traits (ce sont à la fois des langues à tête finale et à tête initiale) et qui fournissent en conséquence des contre-exemples flagrants aux corrélations classiques d’ordre des mots élaborées par Greenberg. La question théorique sous-jacente est bien de se demander s’il est raisonnable de se baser uniquement sur la diffusion aréale pour expliquer cet état de faits, sans prendre en considération le développement interne de toute langue et en particulier le changement syntaxique qui est aussi une composante importante en interaction.

Les difficultés d’une recherche dans ce domaine sont dues au fait que le mandarin standard a été et reste la principale langue sinitique étudiée et elle demeure la seule référence dès qu’il s’agit de ‘chinois’ dans les études typologiques en Occident, mais aussi, jusqu’à très récemment, en linguistique chinoise. Aussi, des enquêtes macroscopiques concernant les dix branches des langues sinitiques ont-elles été d’abord proposées pour identifier et décrire leurs propriétés syntaxiques fondamentales, et étudier de manière détaillée les corrélations existantes concernant l’ordre des constituants, travail de recherche qui n’avait jamais été fait auparavant de manière approfondie. Ensuite, le projet a discuté à nouveau et affiné l’hypothèse de Hashimoto et de Norman sur l’existence d’une dichotomie typologique majeure entre langues sinitiques du nord et langues sinitiques du sud, basée sur des principes aréaux.

À cette fin, une analyse complète de la grammaire de la langue waxiang a été intégrée au projet de recherche. Parlée dans une région reculée du nord-ouest de la province du Hunan, cette langue a été choisie parce qu’elle représente assurément un état transitionnel dans les langues sinitiques du centre de la Chine. Cette langue révèle en effet, de manière significative, des caractéristiques de nature intermédiaire entre les langues sinitiques du nord et celles du sud, qui sont et seront à même d’élucider la typologie hybride des langues sinitiques, notamment pour ce qui est des changements internes en syntaxe diachronique et des mécanismes de grammaticalisation qui leur sont liés. C’est là une alternative solide à la seule explication en termes de diffusion aréale. L’ouverture de cette terra incognita est sans aucun doute la source de nouvelles découvertes sur la nature typologique des langues sinitiques qui permettront de conduire à une classification beaucoup plus raffinée de la branche sinitique de la famille sino-tibétaine et à mieux comprendre l’ontologie des universaux de langues.


Une équipe internationale de sept chercheurs, basés en France à l’EHESS et employés à temps plein pendant quatre ans (2009-2012), participe au projet. Cette équipe est composée de cinq post-doctorants, une doctorante et une professeure, qui travaillent tous sur des langues sinitiques différentes. Ils effectuent très régulièrement des missions de terrain en Chine pour le recueil de données. Chacun d’entre eux, en effet, devra rédiger, à la fin du projet, une grammaire d’une langue sinitique peu connue et donc peu ou pas du tout décrite. Ces grammaires seront publiées dans une collection sur les langues sinitiques, créée pour l’occasion par l’éditeur Mouton de Gruyter (Berlin).
Un colloque international organisé par l’équipe et associant les plus grands spécialistes de linguistique chinoise aura lieu à la fin du projet sur le thème « La diversité dans les langues sinitiques ».

Composition de l’équipe

Hilary Chappell, directrice du projet, EHESS - langue étudiée : waxiang, Hunan

Jian Wang, post-doctorant  − langue étudiée : jixi hui, Anhui

Yujie Chen, post-doctorante − langue étudiée : mandarin non-standard des plaines centrales, Henan

Hilário de Sousa, post-doctorant − langue étudiée : nanning pinghua, Guangxi

Weirong Chen, post-doctorante − langue étudiée : hui’an southern min, Fujian

Xuping Li, post-doctorant − langue étudiée : yichun gan, Jiangxi

Sing-Sing Ngai, doctorante − langue étudiée : shaowu min, Fujian