La rentrée de l’automne 2011 s’annonce mouvementée pour les Éditions de l’EHESS. Dans le bon sens du terme, évidemment ! Ayant pour mission première de rendre visible à l’extérieur de l’École ce qui se fait en son sein, toute l’équipe des Éditions, très mobilisée, n’a de cesse d’inventer et de contredire tous les prophètes de malheur annonçant la mort du livre ou le déclin des sciences sociales. Il n’est que de regarder le Catalogue des Éditions pour se convaincre au contraire de leur vitalité.

Aux défis que constituent les évidentes mutations que connaissent aujourd’hui le livre et son univers, il est plusieurs façons de répondre. Il ne fait aucun doute que le livre numérique est l’une d’entre elles sur laquelle les Éditions ont d’ailleurs engagé une réflexion approfondie. Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir ici-même dans quelques mois.

Il existe aussi d’autres moyens d’enrayer l’incontestable érosion de la diffusion des ouvrages de sciences sociales. Parmi eux, la promotion de nouvelles idées éditoriales répondant à des approches innovantes, reste l’une des plus efficaces. Les Éditions tentent ainsi de mettre en forme des questions surgissant au sein de la recherche la plus avancée.

Le mois dernier, a été aussi présentée dans les locaux de l’IMEC les deux premiers volumes d’une autre collection intitulée « audiographie ». Cette dernière collection, faite de petits formats à prix modique, proposée avec générosité par Philippe Artières et Jean-François Bert, a pour vocation d’accueillir des textes émanant de grandes figures des sciences sociales, partageant la propriété de n’être connus que sous leur version orale. Ces interviews, entretiens, conférences, séminaires, etc, y sont transcrits pour la première fois et présentés par un « éditeur ». Dans ce texte, celui-ci réfléchit prioritairement sur les modalités et les effets du passage de l’oral à l’écrit. Quand il existe, l’enregistrement sera accessible en ligne sur le site des Éditions. Les deux premiers volumes offrent pour l’un un entretien entre Michel Foucault et Claude Bonnefoy et pour l’autre un cours d’agrégation sur Hobbes d’Emile Durkheim pris en notes par son neveu Marcel Mauss. Suivront à partir de l’année prochaine des auteurs comme Quentin Skinner, Serge Moscovici, François Furet. Les Éditions de l’EHESS sont ouvertes à toutes les propositions susceptibles d’enrichir cette collection.

Avec le même souci de renouveler les pratiques éditoriales, a été lancée l’année dernière une nouvelle collection de traduction, « EHESS-Translation », dont l’un des objectifs est de mieux comprendre le travail du traducteur de grands textes classiques de sciences sociales.

Une autre initiative vient d’être prise. Elle touche à la délicate question de la traduction en français d’ouvrages publiés en langue étrangère. Les Éditions souhaitent accentuer en la matière l’effort qu’elles ont engagé depuis plusieurs années, notamment sous la houlette d’Anne Madelain, chargée aux Éditions du développement international et des droits étrangers. Après le « Manifeste pour une édition en sciences humaines vraiment européenne » lancé à l’initiative des Éditions de l’EHESS et qui a rassemblé de nombreuses signatures, le moment est venu de passer aux actes ! Pour ce faire, un groupe de travail est en train d’être constitué sous la responsabilité de Hamit Bozarslan. Son objectif sera de définir des priorités en matière de traduction, des urgences qui permettront aux Éditions de l’EHESS d’armer une politique éditoriale raisonnée, assise sur la compétence de nombreux collègues représentant différentes aires culturelles.

Reste un dernier volet à signaler en ce début d’année universitaire. En partenariat avec les Cercles de Formation, les Éditions ont lancé en 2009 un cycle de conférences intitulé « Rendez-vous de crise ». Auteurs d’ouvrages des Éditions de l’EHESS, chercheurs, acteurs du monde social et politique ont débattu des grandes questions ouvertes par la crise déclenchée en 2008. Ces séances ont toutes rencontré un grand succès. Elles sont relancées cette année avec une inflexion particulière donnée par la campagne pour les élections présidentielles françaises de 2012. Les « Rendez-vous de crise » de 2011-2012 se présenteront ainsi comme la contribution de l’EHESS à ce rendez-vous politique durant lequel l’éclairage proposé par les sciences sociales sur les grands enjeux d’avenir ne manquera pas de s’avérer utile.

Ainsi les Éditions de l’EHESS resteront-elles fidèles à leur mission : porter hors de l’École l’intelligence critique du monde contemporain qui s’y produit non seulement en proposant des ouvrages et des revues mais aussi en les défendant avec ardeur auprès d’un public dépassant le périmètre de la seule science professionnelle.