Poussez la lourde porte cochère du 131 boulevard Saint-Michel. Laissez sur votre gauche l’isba de bois peint, traversez paisiblement la cour pavée. Oubliez le grondement souterrain du RER, le vacarme du boulevard, les sirènes hurlantes.

Le calme des lieux s’imposera à vous. Rosier grimpant, jonquilles ou capucines, plants de tomates et de menthe vous accueilleront, sous l’égide du néflier tutélaire. Prenez garde de heurter quelque palette de livres en partance ou en livraison, reflets de l’activité du voisin diffuseur, le CID. Contournez délicatement les oisillons imprudents tombés du nid, ils sont sous notre protection. Inspirez un grand coup et sonnez. D’une caresse pointue, prèles et plantes carnivores qui veillent à l’entrée vous conduiront vers l’Atelier de l’Éditeur… Soyez rassuré. Nombre d’auteurs tremblants ou impatients, de journalistes intrigués, de stagiaires non rémunérés, de lecteurs affamés s’y sont risqués avant vous. Un jour, ils en sont ressortis, comblés ou enguirlandés, mais toujours entiers et désormais familiers du service des Éditions.

Le neuvième étage du boulevard Raspail vous a déjà donné un avant-goût de ce qui vous attend ici. Vous en avez été instruit par Christophe Prochasson, directeur exigeant et débonnaire, aidé par Anne Bertrand, sans égale pour se repérer sous une montagne de manuscrits et coordonner les refus polis, les acceptations nuancées, les encouragements musclés, les conseils avisés. « Traversez le Luxembourg, grimpez dans le 83, glissez-vous dans la navette, tous les chemins mènent au 131. »

Qui que vous soyez, le despote responsable du service, Jean-Baptiste Boyer, vous fera bon accueil. Ne vous y fiez pas. Son bureau, sous les toits de ce local biscornu et charmant, est situé au bout du couloir. Mais, de sa fenêtre, il a déjà remarqué votre arrivée.

Êtes-vous auteur ? Il discutera avec vous des clauses contractuelles, des calendriers, du programme dans lequel va s’inscrire votre ouvrage. Et vous présentera celle ou celui qui sera votre interlocuteur privilégié tout au long de l’éclosion du livre.

Six personnes composent l’équipe des secrétaires d’édition : deux collaborateurs, Willy Gianinazzi et Emmanuel Vincent et quatre représentantes de la gent féminine, Caroline Béraud, Emmanuelle Aussaguès, Marie Laborit, sans oublier Denise Bally, qui depuis la Vieille Charité de Marseille apporte sa précieuse contribution. Vous serez entre de bonnes mains. Chacun d’entre eux a sa personnalité, ses domaines de prédilection, ses centres d’intérêt mais tous allient savoir-faire et diplomatie, conjuguant compétences littéraires, scientifiques et techniques. Traquant sans relâche lourdeurs, coquilles ou notes redondantes, apportant l’harmonie entre contributions ou contributeurs, avec une douce fermeté, avec astuce et précision, avec obstination parfois, ils sauront grâce à vous, vous saurez grâce à eux, transformer un manuscrit prometteur en ouvrage dont tous seront légitimement fiers et qui pourra prendre place, pour longtemps, dans le catalogue des Éditions.

Si le livre est d’abord un texte, c’est aussi un bel objet que l’on doit avoir plaisir à découvrir sur la table d’un libraire, à feuilleter, à conserver dans sa bibliothèque. Responsable artistique et graphiste, Ann-Koulmig Renault veille à l’originalité des couvertures, à la qualité des reproductions, à la perfection de la maquette intérieure. Elle seule maîtrise l’alchimie subtile qui marie couleurs, typographie, formats, grain et brillance du papier… Elle est également en charge du visuel des supports de promotion.

La communication ? Que vous soyez journaliste, libraire, auteur ou partenaire, grimpez directement au premier étage. Agnès Belbezet vous attend, avec un questionnaire pointu et des idées à foison, des propositions de tables rondes, d’interviews, de recensions. C’est grâce à elle qu’un ouvrage peut trouver son public et nourrir le débat. Échanges vigilants avec le diffuseur, prospective et newsletter, animation du site web, salons, cycles de rencontres, projections de films, elle a plus d’un tour dans son sac.

Si vous venez d’un pays lointain ou proche, Anne Madelain– dont l’intérim est assuré jusqu’en avril 2010 par Maria Vlachou– vous prendra sous son aile. Elle saura vous convaincre de vous engager sur la traduction des nouveautés ou de classiques. Droits étrangers, foires internationales, colloques européens, manifestes, recherches de fonds, c’est l’ambassadrice des Éditions auprès des institutions et de nos confrères en dehors de l’Hexagone.

Gare à vous si, franchissant la porte d’entrée, vous êtes repéré comme fournisseur indélicat. Catherine Büchner vous a à l’œil. Respect des marchés et des contrats, contrôle des factures et des délais, ordres de mission, droits d’auteurs, rien ne lui échappe. Responsable des questions financières et administratives, son sens de la pédagogie insuffle à chacun la rigueur nécessaire. Une fois le litige réglé, vous pourrez repartir le cœur léger, en admirant les fleurs qu’elle a plantées ou semées avec art.

Avant de nous quitter, n’oubliez pas de faire l’acquisition de quelques volumes. Les catalogues sont à votre disposition. S’il s’agit de revues, abonnez-vous, abonnez-vous ! Vous aurez alors affaire à Guy Cholet, le régisseur des recettes. C’est lui, le nerf de la guerre. Ventes directes, comptes des diffuseurs ou des groupeurs d’abonnements, redevances des coéditeurs, droits de photocopie, pas un billet, un chèque ni un virement qui ne passe entre ses mains. Si vous le méritez et que vous êtes un lecteur fidèle, il pourra vous consentir une remise de 5 %.

Le volume vous sera alors remis par le responsable des stocks et des systèmes d’information, Iulan Miron. Épouvantées par le vent de modernité et la manie du rangement qui règnent depuis son arrivée, les souris ont déserté les lieux. Gérant flux et reflux, entrepôts gigognes et cas particuliers, il dompte les logiciels et conduit l’étude informatique qui guidera notre choix. Il peut compter sur l’appui logistique de son nouveau collègue, Louis Rios de Diego, grâce à qui les abonnés retardataires sont servis, le courrier affranchi, les spécimens envoyés et les bureaux chauffés.

Vous êtes parvenu au terme de votre visite. Votre besace pleine d’épreuves à corriger ou d’excellents ouvrages à découvrir, prenez le temps de cueillir ou de ramasser, si la saison le permet, quelques fruits du néflier. Leur saveur sucrée vous accompagnera sur le trajet du retour.