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La Lettre n° 45 | Départ à la retraite
Raymonde Marini
Crédits : Pascal Antoine
par André Grelon

Raymonde Marini

Tous les enseignants qui ont encadré des thèses à l’École, tous les doctorants qui ont soutenu dans cet établissement depuis vingt ans connaissent Raymonde Marini. C’est elle en effet qui, depuis 1991, date de son arrivée dans notre maison, est la gestionnaire du bureau des thèses et des habilitations à diriger des recherches, au sein du service de la scolarité, après avoir œuvré les deux décennies précédentes dans le secteur privé. C’est une fonction essentielle dans une institution comme la nôtre qui, à l’heure actuelle, voit arriver à soutenance 250 thèses et plus d’une vingtaine de dossiers d’habilitation chaque année. Le poste exige en effet à la fois une parfaite connaissance des textes réglementaires (notamment sur la composition des jurys et le contrôle des dossiers lors du dépôt de la thèse), une opérationnalité logistique sans faille (pour la convocation du jury et du candidat, la réservation des salles, la communication et l’affichage des informations relatives aux soutenances) et un vrai sens des relations sociales car il faut recevoir les candidats qui viennent porter leur manuscrit et prendre tous les contacts nécessaires avec le directeur de la thèse ou le garant de l’HDR ainsi qu’avec les rapporteurs qui émettent un avis préliminaire sur la recevabilité de la thèse ou du dossier d’habilitation. Et le travail ne s’arrête pas là car, à l’issue de la soutenance, la gestionnaire doit encore délivrer une attestation à l’étudiant avant l’émission du diplôme officiel, veiller à ce que le rapport de soutenance, indispensable pour se présenter aux concours de l’enseignement supérieur et de la recherche, soit établi et signé par l’ensemble des membres du jury, et procéder à l’archivage de la thèse.


Raymonde Marini gère cet ensemble de tâches avec rigueur et un grand sens de l’organisation. Dans son bureau aux étagères surchargés de gros volumes en attente de soutenance ou d’archivage, elle opère avec un calme parfait, que ce soit au téléphone ou en recevant les étudiants et les enseignants, qui contraste quelquefois avec la tension, voire la fébrilité de ses interlocuteurs. La tâche peut être délicate quand on doit rappeler la réglementation et il faut alors savoir user de diplomatie : « je suis désolée, Monsieur le Professeur, mais le jury tel qu’il est composé, ne répond pas aux règles en usage… ». Ou encore : « malheureusement, le 2e rapport préliminaire n’est pas encore arrivé, et il est indispensable que les deux rapports soient visés par le directeur de l’école doctorale pour avoir l’autorisation de soutenance, mais ne vous inquiétez pas, je vous préviendrai quand tout sera en ordre ». « Il est bien normal que les gens qui viennent à ce bureau soient émus, explique-t-elle en souriant, c’est un moment si important pour le candidat… mais aussi pour son directeur de thèse ! ». « Une fois, ajoute-t-elle, un étudiant était si impressionné au moment de déposer sa thèse qu’il a fait un malaise !... ». Le mal n’était pas bien grand et la gentillesse de Raymonde Marini, ses paroles rassurantes, son écoute ont tôt fait de remettre le jeune homme sur pied. Cette attention aux autres, cette générosité sont connues de tous les doctorants qui, après la thèse, viennent la remercier en lui apportant, gâteaux, bonbons, spécialités diverses des pays dont ils sont originaires… Elle en fait profiter tout le service, et notamment sa collègue de bureau chargée du diplôme de l’École, la souriante Claudine Raymond avec qui elle est liée par une évidente complicité !


Outre sa fonction au sein de la Scolarité, Raymonde Marini s’est investie fortement et pendant des années au service de la communauté de l’EHESS, tant comme membre de la Commission de surveillance du Foyer des personnels gérant le restaurant administratif du boulevard Raspail, que comme représentante active et militante des personnels à la Commission Paritaire d’Établissement (CPE) et au Comité Technique Paritaire Central d’Établissement (CTPCE) où sa présence a été très appréciée.


Qui croirait que l’aimable mais très sérieuse gestionnaire du bureau des thèses et des habilitations se produirait en spectacle, avec succès, devant ses collègues ? Et pourtant, Raymonde Marini fréquente assidument les cours de théâtre organisés par le CAES de l’École. « Elle a un vrai don comique ! » disent ses partenaires et les rôles de personnages de Feydeau qu’elle a endossés ont bien fait rire les spectateurs. Mais cette année, c’est sa magistrale interprétation de La femme juive de Brecht où elle tenait la scène dans un monologue de vingt minutes qui a vivement ému et frappé les esprits.


Toujours dynamique, d’une conscience professionnelle inébranlable, on l’a vu venir travailler avec des béquilles à la suite d’une mauvaise chute, car il y avait des dossiers urgents à traiter dans une période de nombreuses soutenances de thèse ! Il était normal que ses remarquables qualités professionnelles et son dévouement soient reconnus par l’Institution : en 2006, elle a été faite Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques, et c’est la présidente de l’École, Danièle Hervieu-Léger qui l’a décorée.


Mais que va faire cette femme entreprenante après son départ en retraite ? Elle ne manque pas de projets, déclare-t-elle et on la croit volontiers. On sait déjà qu’elle a prévu de participer à des associations dans la ville de Chartres où elle va résider, près de ses filles. Et puis, elle reviendra volontiers rendre visite à ses anciens collègues, dans cette École où elle ne compte que des amis !