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La Lettre n° 44
Stéphane Audoin-Rouzeau
Stéphane Audoin-Rouzeau
Crédits : L. Dappe
par Stéphane Audoin-Rouzeau
Directeur général du Fonds de dotation de l’EHESS

Éditorial

Chères et chers collègues,

Beaucoup d’entre vous, sans doute, ne le savent pas ou n’en ont été informés que de loin : parmi tous les changements qu’a connus notre École cette année (je pense bien sûr en priorité au déménagement…), il en est un qui mérite de retenir un instant votre attention : la création d’un fonds de dotation au sein de notre institution. Nos instances ont décidé sa création fin 2010, et celle-ci est devenue effective au printemps de cette année. L’outil est à présent opérationnel.

La possibilité, pour les institutions universitaires et culturelles, de créer des fonds de dotation, est récente : elle a été ouverte par la loi du 4 août 2008. Celle-ci permet de faire appel à des fonds privés de manière infiniment plus souple qu’avec l’outil traditionnel de la fondation. Elle permet à une institution d'enseignement supérieur comme la nôtre de se doter de l'équivalent des endowments anglo-saxons.

Avant d’en arriver là, un groupe de réflexion (devenu depuis « comité de réflexion et de prospective » auprès du conseil d’administration du fonds) s’est réuni pendant plus d’un an autour de Deborah Furet, mêlant enseignants de l’École et représentants des milieux économiques, tous amis de l’EHESS et désireux d’aider celle-ci dans son développement (qu’ils soient ici chaleureusement remerciés pour tout le temps qu’ils nous ont si généreusement consacré). Ce groupe a considéré de manière unanime que la création d’un fonds de dotation était indispensable pour l’avenir de l’EHESS et constituait l’outil juridique adapté pour accompagner notre école dans sa politique de promotion de la recherche et de prospection de ressources complémentaires aux financements publics.

Car la création d’un fonds de dotation à l’EHESS trouve son origine dans le double constat d’une concurrence accrue entre les institutions vouées à la recherche, au plan national comme international, et une fragilisation préoccupante de leurs sources publiques de financement. Or, comme nous le savons tous, une telle configuration apparaît comme particulièrement préjudiciable aux chercheurs les plus jeunes, confrontés à la réduction des débouchés professionnels, à une obligation d’excellence croissante dans le champ de la recherche et, dans le même temps, à des financements inexistants ou insuffisants pour mener à bien leurs travaux.

C’est bien pourquoi la tâche principale que s’assigne le fonds est précisément de « financer les recherches des étudiants de l’EHESS » (article 2 des statuts, alinéa 2). La prospection de sources de financement complémentaires, susceptibles de soutenir l’effort scientifique de l’École, nous est donc apparue comme indispensable pour maintenir et accroître sa position en tant qu’institution de recherche de premier plan, ainsi que pour soutenir efficacement nos jeunes doctorants et post-doctorants, clef de notre rayonnement futur. L’objectif affiché est de pouvoir financer à terme plusieurs contrats doctoraux, mais aussi d’attribuer des aides au terrain, et de soutenir les post-doctorants, dont on sait les difficultés spécifiques dans le contexte actuel. Le chemin sera long, évidemment, avant que les intérêts de sommes collectées puissent aider significativement les jeunes chercheurs de l’École : le fonds de dotation constitue à ce titre un investissement pour l’avenir.

Il ne suffit pas de créer un fonds de dotation pour que celui-ci soit spontanément abondé par des donateurs. La recherche des financements a donc commencé. En outre, il nous a semblé qu’avant de prétendre trouver ces donateurs, il était indispensable de nous faire connaître au delà de notre périmètre « naturel » et de faire préalablement la démonstration de ce qu’une école de sciences sociales comme la nôtre était en mesure d’apporter. C’est pourquoi nous avons ouvert un séminaire spécifique à l’intention d’acteurs économiques de premier plan. Ce séminaire n’est pas conçu sur le modèle d’une « formation » dispensée par de quelconques « experts », mais comme un lieu d’échanges interactifs avec des chercheurs de l’École. Son thème pour cette année s’intitule « expériences du temps ». La première séance a eu lieu le 12 mai autour de François Hartog, André Masson, et Jean-Charles Hourcade, sur le thème de « l’expérience contemporaine du temps ». La seconde, le 9 juin, a porté sur le roman de Cormac McCarthy, La Route, et a été animée par François Hartog. La troisième aura lieu le 7 juillet autour d’Olivier Remaud et de la question : « Qu’est-ce qu’être contemporain ? ». Elle s’appuiera sur l’ouvrage de Hanz Magnus Enzensberger, Hammerstein ou l’intransigeance. Une histoire allemande. Le séminaire reprendra ensuite en octobre et s’achèvera en décembre, avant de laisser place à une nouvelle session en 2012 sur le thème « expériences de violence », qui mobilisera de nouveaux membres de notre École.

Chères et chers collègues, il est très important que l’existence du fonds de dotation soit connue au sein de l’École, et popularisée auprès de l’ensemble de ses personnels. Chacun d’entre vous peut être à même de lui apporter son aide grâce à ses réseaux, ses interventions, ses conseils au sein du comité de prospective et de réflexion. Puis-je vous demander d’y songer ?

En vous souhaitant un très bel été.