Sur fond d’une conjoncture très morose, les Éditions de l’EHESS tiennent la ligne du développement de leurs activités. La première mission qui leur est assignée n’est-elle pas de mettre en évidence le travail collectif qui s’accomplit au sein de l’École et dans son environnement immédiat ? Ce faisant, elles contribuent à prendre la défense de savoirs qu’on juge parfois secondaires voire inutiles dans le cadre d’une économie de la connaissance à courte vue.

Le catalogue des Éditions peut faire figure de coupe dans l’histoire des sciences sociales des cinq dernières décennies. Des centaines d’ouvrages attestent l’éclat de cette production qui, à l’encontre de ce que l’on entend trop souvent, n’est nullement terni. Il n’est que de consulter les derniers titres de la collection « En temps et lieux » pour s’en convaincre. Mieux encore, soucieuses de ne pas être enfermées dans le genre d’une littérature scientifique absolument nécessaire à la circulation des savoirs, mais souvent difficilement accessible à qui n’appartient pas à la communauté savante, les Éditions de l’EHESS ne cessent de développer des efforts pour être présentes dans l’espace public.

Quatre ouvrages viennent d’être publiés dans la collection « Cas de Figure » pour répondre à plusieurs grands débats ouverts par l’actualité politique ou celle des sciences sociales. Le défi difficile que constitue la volonté d’inscrire dans des horizons scientifiques les controverses les plus actuelles – les temporalités de la recherche et de l’édition s’accordent mal à celles des politiques publiques et des medias –  est relevé grâce à la mobilisation de toute une équipe éditoriale très engagée. On maintiendra l’exigence au cours de l’année 2010, qui devrait battre tous les records de production éditoriale puisqu’une trentaine d’ouvrages sont programmés, en sus des livraisons des sept revues composant le portefeuille de périodiques des Éditions de l’EHESS.

L’année 2010 devrait aussi être celle de l’ouverture de deux nouvelles collections. L’une est centrée sur l’édition de grands textes classiques de sciences sociales, non disponibles en français, accompagnés de présentations, denses et copieuses, faisant état du travail de traduction accompli sur ces textes. On sait que la question des langues occupe désormais une place importante parmi de nombreux chercheurs de l’École, un PRI étant même consacré à la question de la traduction dans les sciences sociales. Les Éditions ont décidé de s’associer à cette réflexion collective et d’y apporter leur propre contribution, dans la fidélité à ce qu’elles doivent être : plus qu’un outil de la recherche, un véritable partenaire.

La seconde collection est née d’une proposition formulée par Philippe Artières et Jean-François Bert. Y seront publiés, sous la forme de petits fascicules, de courts textes issus de conférences ou interventions orales émanant de grandes figures ayant illustré l’histoire des sciences sociales. « Audiographie » – tel est le titre probable de cette nouvelle collection – sera associée au site des Éditions sur lequel sera disponible la contrepartie orale de l’ouvrage. Chaque texte sera accompagné de sa traduction en langue anglaise et présenté par une forte introduction.

Comme il a souvent été dit, le service public du livre, auquel participent les Éditions de l’EHESS, impose à celles-ci d’être davantage qu’un simple éditeur. Le volet « communication » de leur activité est donc de toute première importance dans le dispositif au sein duquel elles sont inscrites. Ne s’agit-il pas d’ailleurs d’autre chose que de soutenir les ouvrages publiés sous le régime attendu d’un discours convenu soulignant l’excellence de ceux-ci ? Bien sûr ! Chaque événement organisé autour des livres est pensé comme un acte proprement intellectuel, moment de débats, instant de réflexivité et de critique.

Le lancement d’un cycle de conférences des Éditions au mois de juin dernier répond aux mêmes objectifs : réfléchir, avec tous les partenaires de la chaîne du livre, du chercheur au lecteur, en passant par les éditeurs, les bibliothécaires, les libraires et les journalistes, aux nouvelles conditions faites à la production et la diffusion du savoir. Ces rencontres tri-annuelles sont déjà devenues, à leur manière, et dans l’esprit de l’EHESS, le séminaire des Éditions.