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La Lettre n° 39 | Présentation
Cecilia D'Ercole
Crédits : P. Müller

Cecilia D’Ercole

Élue directrice d’études par l’assemblée des enseignants le 26 juin 2010

Historienne de l’Antiquité, nourrie de la double tradition scientifique italienne et française, mon parcours professionnel s’est déroulé depuis 1993 dans l’université française (Paris VIII, Toulouse-II et Paris I). Mes thèmes de recherche m’ont par ailleurs amenée à tisser des liens avec des institutions et des chercheurs de l’Europe centrale et orientale (Autriche, Slovénie, Croatie), des pays méditerranéens (Grèce, Turquie, Israël), ainsi qu’avec des institutions et universités anglaises et américaines (Oxford, New-York-Columbia, Los Angeles), où j’ai accompli des séjours de recherche (Getty Scholar en 2007) et donné des séminaires (Los Angeles, Innsbruck, Ljubljana). J’évoquerai en outre ma formation de terrain en Italie, en Grèce et en Turquie, ainsi que ma connaissance des objets, acquise sur plusieurs collections en Italie et en France (Louvre, Cabinet des Médailles).
Ma production scientifique, tout comme le programme de recherche que j’ai proposé à l’École, se fondent sur la notion d’ « échanges » économiques et culturels dans la Méditerranée antique, un concept décisif à mon sens pour appréhender l’ensemble des sociétés anciennes dans leurs développements, articulations et interactions. Du point de vue méthodologique, mon enquête se construit sur l’analyse croisée de sources et documents de différentes natures allant des textes littéraires et historiques aux documents épigraphiques, de l’interprétation des images à l’étude des objets, toujours centrale dans mon approche scientifique. Quant aux contenus, j’évoquerai brièvement quelques concepts qui ont orienté plus directement mes travaux. L’un se fonde sur la notion d’espace, vu comme une construction politique et culturelle, dans le cas des réseaux d’échanges ou dans le processus des colonisations grecques et romaines, mais aussi comme une forme de perception et de représentation : un bon exemple est celui du « paysage mythique » associé à plusieurs légendes et croyances. Un deuxième concept clé concerne l’analyse des transferts économiques où, tout en prenant en compte l’importance matérielle et l’ampleur des transactions, j’étudie les formes symboliques propres à l’économie ancienne, tels le statut social du producteur et du marchand, la valeur symbolique des objets et leurs formes de circulation et/ou thésaurisation. Un troisième concept au cœur de mes travaux est la notion de métissage : il est ici question des modalités de construction des réalités sociales et culturelles mixtes dans les mondes anciens, particulièrement marquantes dans les situations de contacts interethniques, qu’elles soient volontaires ou imposées.
Mes principales publications ont porté sur les aspects de la propagande politique et religieuse liée à la colonisation latine républicaine (La stipe votiva del Belvedere a Lucera, Rome 1990), sur les espaces du commerce dans l’Adriatique ancienne (Importuosa Italiae litora. Paysage et échanges dans l’Adriatique méridionale archaïque, Naples 2002), sur le commerce et le travail de l’ambre entre la Méditerranée et l’Europe baltique (Ambres gravés du département des Monnaies, Médailles et Antiques, BnF, Paris 2008).Parmi mes chantiers de travail actuellement ouverts, je mentionnerai le programme « Argo », sur l’interaction entre religion et économie dans le pourtour méditerranéen dans le cadre d’AnHIMA (UMR 8210), en collaboration avec F. de Polignac (AnHIMA-EPHE), G. Pironti (université de Naples) et B. Kowalzig (University of Columbia, New-York). Je citerai également un programme sur les « Pratiques alimentaires et construction des identités collectives en Méditerranée antique », en collaboration avec P. Rouillard, H. Procopiou et J. Vieugué de la Maison de l’archéologie et de l’ethnologie de Nanterre (UMR 7041), dans le cadre du projet « Homère » Homme, Milieu, Environnement dans la Méditerranée antique, piloté par la MMSH d’Aix-en-Provence (B. Marin). J’évoquerai pour finir un travail de synthèse sur l’essaimage colonial grec dans la Méditerranée archaïque et classique, thème par lequel je débuterai mon séminaire à l’École en mars 2011.