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La Lettre n° 34 | Dans les centres et les services | Départs en retraite
Odette Chapelot
Crédits : J. C.
par Jean-Michel Poisson

Odette Chapelot

Odette Chapelot, qui prendra sa retraite à l’automne prochain, a effectué l’essentiel de son activité d’enseignant-chercheur à l’EHESS, où elle est maître de conférences. Tous ceux qui la connaissent savent bien que sa discrétion et sa modestie contrastent étonnamment avec l’importance de son œuvre scientifique. Au moment où elle entreprit sa thèse, dirigée par Jacques Le Goff, soutenue en 1975 et portant sur Les matériaux de la construction en Bourgogne aux xive et xve siècles (Aspects techniques, économiques et sociaux), l’objet était fort nouveau pour le médiéviste, même dans le cadre de l’histoire économique et sociale. Nouveau par l’utilisation conjointe de données textuelles et archéologiques – elle avait participé dès ses débuts aux côtés de J.-M. Pesez à l’enquête initiée au sein de l’École sur les « villages désertés » –, nouveau par l’exploitation systématique de séries textuelles fort riches mais jusqu’alors sous-utilisées par les historiens, les comptabilités de la fin du Moyen Âge ; nouveau enfin par l’attention portée à la culture matérielle, fidèle en cela à l’impulsion donnée par M. Bloch et F. Braudel. Ce domaine de la construction à l’époque médiévale est en réalité assez vaste pour qu’Odette Chapelot y ait consacré son œuvre de chercheur et l’ait systématiquement et méthodiquement labouré, en explorant les différents aspects comme en témoignent les ouvrages qui ont jalonné cette recherche, parmi lesquels on citera : Pierre et métal dans le bâtiment au Moyen Âge (dir. avec P. Benoit), 1985, réed. 2001 ; Mines carrières et métallurgie dans la France médiévale (dir. avec P. Benoit), 1985 ; Du projet au chantier. Maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre aux xive - xve siècles, 2001 ; La construction. Les matériaux durs : pierre et terre cuite (coll.), 2004 ; Terres cuites architecturales médiévales et modernes (dir. avec J. Chapelot et B. Rieth), 2009. Dans ses séminaires de l’École, elle a successivement abordé les aspects techniques de la construction, ayant recours à des analyses extrêmement fines basées principalement sur la documentation bourguignonne, puis les aspects sociaux et professionnels des métiers du bâtiment au Moyen Âge, dans la perspective plus vaste de l’histoire du travail.
Ce travail pionnier a été l’un des moteurs, avec les travaux de quelques autres spécialistes – on pense, à l’École, à ceux de P. Braunstein notamment – de l’essor d’un domaine de recherche qui est désormais très fécond, qu’il s’agisse des nombreuses thèses réalisées ou en cours un peu partout en France ou du développement de « l’archéologie du bâti » sur le terrain. Gageons que les sollicitations du milieu scientifique et son goût pour la recherche maintiendront notre collègue encore longtemps active dans ce secteur des études médiévales qu’elle a notablement contribué à développer.