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La Lettre n° 51 | Les Éditions de l'EHESS
De retour du Salon du livre
Crédits : Ann-Koulmig Renault
par Jean-Baptiste Boyer

De retour du Salon du livre

2012 aura été un bon millésime pour le Salon du livre de Paris. Près de 190 000 visiteurs s’y sont rendus, du 15 au 19 mars, soit 5 % de plus que l’année dernière. Le Japon en était l’invité d’honneur, ainsi que la ville de Moscou. À l’approche de l’élection présidentielle, femmes et hommes politiques de tous bords vinrent témoigner de leur affection pour le livre, flattant et caressant ici ou là de beaux volumes qui succédaient ainsi, dans le grand hall de la Porte de Versailles, aux généreuses charolaises et aux baudets du Poitou.

Cette année encore, les Éditions de l’EHESS partageaient un stand avec leurs consœurs de l’INED. Surplombés du slogan « La science sociale sort de son laboratoire pour reconquérir l’espace public », les logos des deux maisons avaient fière allure, devant le stand des Puf, situé juste en face, et les enseignes voisines du Seuil et de la Documentation française. Sur une allée très fréquentée, non loin de l’entrée du salon et du boulanger, la longue table proposait aux lecteurs affamés les nouveautés et le fonds. Ils ont été nombreux à s’arrêter pour admirer les jolies maquettes, feuilleter les ouvrages et les revues, voire en faire l’acquisition. Plusieurs titres y étaient exposés en avant-première, tels Écrits d’Amérique de Maurice Halbwachs ou Inventaires du communisme de François Furet.

Trois tables rondes réunirent des auteurs des Éditions de l’EHESS. Samedi matin, soudain immobiles dans leurs bocaux disposés tout autour du stand Île-de-France, les poissons rouges buvaient les paroles de Christophe Prochasson venu présenter, avec Philippe Artières et Emmanuel Laurentin, la nouvelle collection « Audiographie ». Le public matinal prit heureusement le relais. Pourquoi ne pas y publier les cours de Michel Foucault à Vincennes, reconstitués grâce aux grimoires des étudiants ? Une dame se leva dans la salle : « À Vincennes, après 68, nous ne prenions pas de notes… ». Le lendemain, sur la Scène des auteurs, Romain Huret, auteur de Katrina, 2005 , dialoguait avec Pascal Bruckner, Enki Bilal et le romancier japonais, né à Fukushima, Furukawa Hidéo. Comment la catastrophe met-elle au jour les identités individuelles et collectives ? Certaines déclarations tranchées suscitèrent la controverse parmi l’assistance. Lundi, journée des professionnels, Caroline Ehrhardt exposa son ouvrage Évariste Galois. La fabrication d’une icône mathématique, devant un parterre de bibliothécaires et de documentalistes. Le libraire du Divan, en charge du stand « Sciences pour tous », se réjouit de la bonne tenue des ventes.

Outre l’immense librairie, animée et festive, proposée par le Salon au public, ces quatre jours furent également l’occasion de nombreuses rencontres entre confrères : éditeurs français ou étrangers, libraires, journalistes, bibliothécaires. 30 000 professionnels avaient l’embarras du choix entre la deuxième Journée de la traduction, les rencontres du Bureau international de l’édition française, les Assises du numérique du Syndicat national de l’édition, ou encore la table ronde organisée par le Syndicat de la librairie française, sur le thème « L’urgence en librairie, quelles réponses ? ». Autant que les protestations crépitantes d’amitié des candidats arpentant les allées, la présence dans ces débats de professionnels compétents et prêts au dialogue – y compris parmi le personnel politique –, très au fait des risques et des enjeux, semble montrer que, malgré la crise, avec ses métamorphoses le livre est une plante vivace.