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La Lettre n° 27 | Dans les centres et les services
Irène Bellier
par Irène Bellier

Un nouveau projet ERC (European Research Council) à l'École

Le projet SOGIP [Scale of Governance, the UN, the States and Indigenous Peoples : the meanings and issues of self-determination in the time of globalization] est un projet de recherche comparative, global et multiscalaire sur les dimensions sociales, culturelles et politiques de la gouvernance et des droits des peuples autochtones. Il met en place un dispositif de recherche original pour appréhender les relations complexes entre le global et le local, afin d’analyser les discours, les politiques, les pratiques et les représentations d’acteurs de puissance inégale. L’adoption de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones par l’Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2007 (et avec le soutien de l’UE), ouvre en effet un nouvel horizon de réflexion sur les différentes modalités possibles d’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Alors que les mécanismes de la reconnaissance (constitutionnelle, juridique et politique) des peuples autochtones sont marqués par le cadre national des États qui les englobent, leur appel à la communauté internationale, dans la seconde moitié du 20e siècle, et les formes actuelles de leur mobilisation transnationale, ont conduit à une phase de prise de conscience globale. Un changement de paradigme est ainsi observé avec l’adoption de cette Déclaration qui possède une haute valeur morale et symbolique, génère une série d’expectatives et est susceptible d’induire nombre de changements qu’il convient d’étudier sérieusement. Aucune recherche comparative n’existe à ce jour sur les conditions de possibilité de la mise en œuvre de la Déclaration des droits des peuples autochtones, très peu de littérature a été produite sur ses possibles impacts. L’objectif de SOGIP est de produire des résultats en ce sens avant la fin de la deuxième décennie des populations autochtones (2005-2015).

L’équipe SOGIP étudiera en simultané les changements que les normes internationales induisent via le développement de leurs programmes d’action et les réponses des États et des peuples autochtones (organisations, communautés locales) que ces projets suscitent. La recherche portera sur quelques domaines de confrontation entre perspectives autochtones et politiques publiques tels que l’éducation, la gestion des territoires et de leurs ressources, la représentation politique, les systèmes légaux et les expressions culturelles. Les études seront réalisées dans le Sud de l’Afrique, en Amérique du Sud, en Asie, et en Océanie.

L’approche comparative ainsi que la volonté d’associer à la recherche des partenaires autochtones et certains secteurs des organisations internationales visent à se dégager des dichotomies simplistes qui pèsent sur la manière de penser les questions autochtones, à mettre en relation les différentes scènes de débat de ces problématiques dans les mondes anglophones, hispanophones et francophones, pour revisiter les théories post-coloniales et penser la modernisation du discours occidental.